La publication du Cadre de pratique en deux volumes, Une vision une voix : Changer le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario afin de mieux servir les Afro-Canadiens, est un événement historique tant pour le secteur du bien-être de l’enfance que pour la communauté afro-canadienne de l’Ontario.
Le Cadre de pratique, qui a été lancé à un Symposium d’une journée à la fin septembre, est unique pour le secteur du bien-être de l’enfance de l’Ontario, en ce sens qu’il a été rédigé par la communauté afro‑canadienne par l’entremise d’un comité directeur de 17 personnes, à partir de commentaires directs de plus de 800 membres de la communauté, utilisateurs de services et jeunes pris en charge. Un groupe de référence composé de 13 membres du personnel de sociétés d’aide à l’enfance a aussi soumis des commentaires menant aux recommandations finales. Le projet a été financé par le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse (MSEJ) par l’entremise de l’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance (AOSAE).
Le Cadre de travail revendique des réformes draconiennes au système du bien-être de l’enfance afin d’éliminer le racisme systémique et de réduire la surreprésentation des enfants noirs pris en charge. Ces réformes incluent la cueillette de données liées à la race, une formation obligatoire pour les professionnels du bien-être de l’enfance qui porte sur le racisme envers les Noirs, ainsi que des services et programmes culturellement appropriés à l’intention des familles, des enfants et des jeunes noirs.
L’honorable Michael Coteau, ministre des Services à l’enfance et à la jeunesse, et ministre responsable de la Direction générale de l’action contre le racisme, Renu Mandhane, commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne, et Irwin Elman, intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes, ont tous participé au Symposium et exprimé leur soutien à l’égard des recommandations du Cadre de pratique.
Le ministre Coteau a déclaré aux personnes présentes qu’il mandaterait toutes les SAE de commencer à recueillir des données fondées sur la race ventilées très bientôt, l’une des principales recommandations du Cadre de pratique.
« En tant que ministre responsable des enfants et des jeunes, ainsi que de la Direction générale de l’action contre le racisme, mon travail consiste à provoquer le changement dans le système du bien-être de l’enfance, a déclaré le ministre Coteau. Si vous n’avez pas de données, vous n’avez pas de problème ni de solution. »
Renu Mandhane, commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne, a reconnu l’importance de l’annonce du ministre et le travail d’Une vision une voix, mais n’a pas tardé à souligner que « la cueillette de données en soi n’est pas une solution. C’est un outil. »
Le Symposium a aussi offert aux membres de la communauté afro-canadienne et au secteur du bien‑être de l’enfance une occasion de célébrer cet important travail et d’y réfléchir.
Kike Ojo, gestionnaire de projet d’Une vision une voix, a conçu le processus de changement du système du bien-être de l’enfance en tant que démarche de résistance, déclarant que la résistance est dans l’ADN de la communauté afro-canadienne.
« Les recommandations d’aujourd’hui reflètent la voix de la communauté, et constituent un autre moment de résistance afro-canadienne dont tous bénéficieront », a déclaré Mme Ojo.
Nicole Bonnie, directrice, Diversité et Antioppresssion, à la Toronto Children’s Aid Society, a animé un groupe de conférenciers qui ont partagé leurs expériences d’être Noir dans le système du bien-être de l’enfance. Zakiya Tafari, directeur général par intérim de Young and Potential Fathers, a parlé des difficultés que les hommes noirs doivent surmonter lorsqu’ils font affaire et interagissent avec les SAE. Il a posé la question : « Si nous savons que les pères sont importants, pourquoi agissons-nous en contradiction avec cela lorsqu’il s’agit de pères noirs? »
Christopher Cottle, un ancien jeune pris en charge, a discuté du rôle important que jouent les familles d’accueil noires en renforçant la confiance et la fierté des jeunes noirs, ainsi que du besoin d’avoir des familles d’accueil et des services culturellement appropriés. La musique, la nourriture et les soins des cheveux sont importants pour les jeunes noirs et les aident à rester connectés à leurs racines.
Notisha Massaquoi, directrice générale de Women’s Health in Women’s Hands Community Health Centre, a partagé son histoire personnelle d’adoption de sa fille par l’entremise de la SAE, et a parlé des défis auxquels elle fait souvent face en collaborant avec le secteur dans son travail en soins de santé.
« Nous avons de l’expertise de travail avec les communautés noires, a déclaré Mme Massaquoi. Nous offrons une bouée de sauvetage aux SAE. Nous voulons travailler avec vous. »
La Dre Akua Benjamin, professeure en travail social à l’Université Ryerson, a insisté sur le besoin de toujours revenir aux racines d’Une vision une voix : les enfants.
« Je pense au cocon d’amour dans lequel j’ai grandi, a déclaré la Dre Benjamin. C’est ce que nous voulons pour nos enfants. »
Mme Ojo a reconnu que le projet Une vision une voix n’est qu’un début. La prochaine phase du projet, qui est proposée au MSEJ, se concentrera sur la mise en œuvre des recommandations du Cadre de pratique. Il s’agira de renforcer la capacité du secteur d’offrir des interventions, des services et des programmes culturellement appropriés, de recueillir et d’analyser les bonnes données, ainsi que de garantir la viabilité de ces stratégies.
Irwin Elman, intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes, a insisté sur le besoin que le gouvernement en fasse davantage, particulièrement lorsqu’il s’agit de la mise en œuvre des Pratiques d’équité raciale du Cadre de pratique. Le problème du racisme envers les Noirs dans le secteur du bien‑être de l’enfance avait déjà été cerné par les leaders, a précisé M. Elman, mais avec le lancement de ce Cadre de pratique dirigé par la communauté, « ça semble différent ».
Pour en apprendre davantage sur le projet Une vision une voix, ou pour télécharger des exemplaires du Cadre de pratique, visitez le http://www.oacas.org/fr/ce-que-nous-faisons/relations-avec-le-gouvernement-et-les-intervenants/une-vision-une-voix/.