L’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance est profondément attristée par la découverte des restes de 215 enfants dans une fosse commune sur le site de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, situé près de la Première nation Tk’emlúps te Secwépemc, en Colombie-Britannique.
Bien que cette découverte soit tragique, elle n’est pas surprenante. Nous connaissons depuis des décennies les réalités des sévices, de la négligence et des décès horribles survenus chez les enfants et les jeunes autochtones dans les pensionnats, dont nous avons pris connaissance directement de la bouche des survivants, ainsi que par l’entremise de rapports gouvernementaux, d’enquêtes et de la Commission de vérité et réconciliation. Nous savons que le profond traumatisme intergénérationnel causé par la colonisation – par l’entremise de systèmes comme les pensionnats, la police, la justice, la santé et le bien-être de l’enfance – continue d’avoir des répercussions sur les communautés des Premières nations, métisses et inuites (PNMI) du Canada aujourd’hui. Ces enfants sont décédés il y a de nombreuses années, mais ce n’est pas de l’histoire ancienne. Le colonialisme, la suprématie blanche et le racisme envers les Autochtones sont enracinés dans le tissu même de la société canadienne. Ces héritages continuent de prendre des vies et de menacer la santé, la sécurité et le bien-être des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Bien que notre reconnaissance continue de la vérité sur les actes de génocide passés et actuels contre les peuples autochtones du Canada demeure une partie intégrante de la réconciliation, l’écoute, la reconnaissance et la révélation de ces vérités ne doivent pas remplacer l’action. L’action doit se produire simultanément aux niveaux individuel, organisationnel et systémique afin d’apporter des changements significatifs et durables.
La Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport en 2015 et il contient 94 appels à l’action – ses cinq premières actions sont dirigées vers le bien-être de l’enfance. En 2017, l’AOSAE, au nom des sociétés d’aide à l’enfance non autochtones de l’Ontario, a présenté des excuses concernant le rôle nuisible que le secteur du bien-être de l’enfance a joué dans le passé, et joue toujours, dans la vie des enfants, des familles et des communautés autochtones de l’Ontario. En tant que secteur, nous avons pris 9 engagements relatifs à la réconciliation. Avec nos membres, nous continuons de suivre et d’évaluer nos progrès par rapport à ces engagements afin d’assurer l’amélioration des résultats et du soutien pour les enfants, les jeunes, les familles et les communautés autochtones. Ces engagements comprennent la formation obligatoire du personnel du bien-être de l’enfance, l’établissement de relations avec les communautés et les partenaires autochtones, l’augmentation du recours aux placements selon les soins conformes aux traditions et l’intégration du principe de Jordan dans les pratiques de services et le protocole interagences.
Plus important encore, le système de bien-être de l’enfance de l’Ontario reconnaît et appuie la souveraineté des Premières nations et leur droit inhérent de prendre soin de leurs propres enfants au sein de leurs propres communautés. Il nous incombe de ramener, de réunir et de connecter les enfants et les jeunes autochtones avec leur culture, leur famille et leur communauté.
Nous avons communiqué avec les leaders autochtones avec lesquels nous travaillons pour leur exprimer notre soutien et notre solidarité en cette période difficile. Nous encourageons nos membres, notre personnel et les membres de notre conseil d’administration à réfléchir aux moyens d’honorer la vie des enfants disparus dans les pensionnats. Il peut s’agir d’actions immédiates, comme la mise en berne de leur drapeau et le port de l’orange, ou encore de changements organisationnels plus substantiels pour démanteler le racisme systémique envers les Autochtones et décoloniser le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario.
Une ligne d’écoute nationale sur les pensionnats autochtones a été mise en place pour apporter un soutien aux anciens élèves et aux personnes touchées. Accédez à des services de soutien émotionnel et d’orientation en cas de crise en appelant la ligne d’écoute nationale, accessible 24 heures sur 24 : 1 866 925-4419.