demander de l’aide
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Personne ne voulait déclencher l’alarme, malgré les signes très évidents que Tom avait besoin d’aide. Et puis un jour, un ami et une conseillère en orientation ont finalement fait la bonne chose.
J’ai passé 15 ans de mon enfance à subir des mauvais traitements chaque jour.
J’ai aussi passé 15 ans à entendre le proverbe « Les coups blessent, mais pas les mots ». Les gens me disaient cela constamment lorsque je grandissais, pour me réconforter, pour rendre les mauvais traitements magiquement meilleurs. Oui, on me battait – tout le temps –, mais ce sont les mauvais traitements affectifs qui me blessaient le plus. Les personnes autour de moi ne comprenaient pas que si les coups blessent, les mauvais traitements physiques ne sont rien comparativement à la douleur et aux traumatismes que les mots causent.
Ma mère recourait aux mauvais traitements physiques comme façon de me montrer que je ne valais rien. Mais ce qui me blessait le plus, ce sont ses mots qui montraient la faible valeur que j’avais à ses yeux.
On demande à la plupart des enfants ce qu’ils veulent faire quand ils seront grands. C’est un choix qu’ils ont. Ils peuvent rêver de devenir médecin, ou avocat. Ou même un papillon – c’est correct aussi.
Depuis ma tendre enfance, je me rappelle ma mère me disant que je deviendrais un éboueur quand je serais grand. Ma mère le disait de façon honteuse. Elle me disait qu’elle me voyait comme une personne ayant si peu de valeur que tout ce que je pouvais espérer était un emploi qu’elle considérait comme étant au plus bas échelon de sa société. J’écoutais ma mère et je la croyais. Je croyais que je n’avais pas d’avenir. À l’école primaire, j’ai commencé à vouloir en finir avec ma vie.
Les mauvais traitements que je subissais étaient évidents pour tous. Ils étaient évidents pour mes enseignants. Et ils auraient dû être évidents pour mon médecin : il me voyait chaque année, et il y avait des signes. J’avais un poids extrêmement insuffisant. J’étais au secondaire, mais je portais des vêtements d’enfants, mon nombril à l’air. Mais il n’a rien dit.
Des travailleurs sociaux s’occupaient de moi depuis le tout début. Ils visitaient ma maison et me demandaient si on me battait. Mais ma mère était au bout du couloir. Jamais de ma vie je n’allais dire à une travailleuse sociale dans ma maison qu’on me battait, parce que ma mère écoutait. Une fois qu’elle m’a demandé, j’ai répondu : « On ne me bat pas, sauf pour jouer. » J’essayais de minimiser la situation, pour passer le message sans qu’on s’y attarde. Dès qu’elle est partie, mon père m’a pris par en arrière et m’a projeté en bas de l’escalier. Il m’a dit que la prochaine fois que je dirai quelque chose comme ça, il me tuerait.
Mes amis et leur famille voyaient aussi ce que je subissais. Une fois, on m’a mis à la porte de la maison. Je me rappelle clairement avoir couru dans les rues pour me rendre chez mon ami. Mais mon père m’a rejoint avant. Il a sauté dans une auto, en est sorti, m’a attrapé et m’a traîné jusqu’à l’auto et m’a poussé à l’intérieur. Les gens regardaient, mais n’ont rien fait.
Un de mes souvenirs marquants est lorsqu’on m’a expulsé de ma maison quand un ami était là. C’était rare que des gens de l’extérieur de ma famille étaient témoin des mauvais traitements. Ma mère s’est fâchée, a commencé à crier et m’a chassé de la maison. J’ai couru dehors avec mon ami. Lorsqu’elle est sortie, je pensais qu’elle me dirait de rentrer. Mais elle a dit : « Enlève tes souliers, j’ai acheté ces souliers et ils m’appartiennent ». J’ai eu peur, donc je les lui ai lancés, et j’ai marché jusque chez mon ami, pieds nus. Il m’a laissé prendre une de ses vieilles paires de souliers, et je les ai portés le reste de l’année.
Mon ami voulait faire quelque chose pour m’aider. Mais ma mère a alors appelé ses parents et leur a dit que s’ils s’en mêlaient, elle appellerait la police. Cela n’avait aucun sens, mais ils ont eu peur et ne m’ont plus jamais reparlé.
Ça a pris beaucoup de temps avant que quelqu’un me donne l’aide dont j’avais besoin. La personne qui a fait changer les choses pour moi était un autre ami. Il avait été témoin des mauvais traitements dans ma vie, et je crois que c’était principalement les petites choses qui l’ont le plus choqué, comme le peu de nourriture que j’avais à manger. Il m’a demandé de commencer à enregistrer les hurlements, les cris et les insultes de mes parents. Je gardais un petit enregistreur dans ma poche et j’ai commencé à les enregistrer. Un jour, mon ami est allé chez la conseillère en orientation à notre école et lui a raconté ce qui se passait. Ma conseillère en orientation m’a demandé de la rencontrer, confidentiellement et en privé, à l’extérieur de la maison. Cette conseillère en orientation était différente. Je suis encore en contact avec elle, depuis toutes ces années.
C’est ma conseillère en orientation qui m’a dit que j’ai de l’espoir, que c’est normal pour un enfant de manger plus qu’une fois par jour, que c’est normal pour un enfant de pouvoir utiliser un ordinateur pour faire ses devoirs. C’est ma conseillère en orientation qui a reconnu que ceux qui se rebellent à l’école sont ceux qui ne peuvent pas se rebeller à la maison. C’est ma conseillère en orientation qui a compris le danger du cliché des coups qui blessent et du pouvoir des mots.
Mon histoire porte sur l’importance d’une communauté pour une personne qui subit des mauvais traitements et de la négligence. Mon histoire porte sur le silence dans la société au sujet de la maltraitance. Et mon histoire porte sur la peur qui empêche les gens d’aider. Ce dont je ne vous ai pas encore parlé, c’est que moi aussi je faisais partie de ce silence et de cette peur. Si nous voulons aider les enfants qui subissent des mauvais traitements et de la négligence, nous devons comprendre comment ils pensent.
Je ressentais une grande peur paralysante à l’idée de dire à quelqu’un ce qui se passait vraiment dans ma vie. Votre épine dorsale est votre famille, même si elle vous dit que vous êtes de la merde. Elle est quand même l’épine dorsale sur laquelle vous vous appuyez. J’avais peur de déshonorer ma famille et ma communauté. J’avais peur d’être seul. Ça ne valait pas la peine pour moi d’être en sécurité, s’il ne reste rien dans ma vie qui justifie d’être en sécurité.
Je suis aussi resté silencieux parce que j’avais peur de me retrouver dans une famille d’accueil. Ce qui est le plus important pour vous quand vous êtes au secondaire, c’est votre statut social. Les gens me disaient que si j’allais dans une famille d’accueil, je devrais changer de ville. Mais si vous êtes un enfant comme moi, avec seulement un ou deux amis, vous ne voulez pas déménager.
Mon premier ami m’avait dit qu’il voulait dénoncer la situation et obtenir de l’aide pour moi. Je lui ai dit de ne pas le faire. Comme il avait trop peur de ruiner ma vie, il m’a écouté. Mon deuxième ami n’a pas attendu ma permission; il n’a pas attendu que je lui dise que j’étais d’accord. Et il a été à mes côtés jusqu’à ce que je sois placé dans une famille d’accueil.
Il y a autre chose que tout le monde doit comprendre, s’ils ont l’intention d’aider les enfants et les jeunes qui subissent des mauvais traitements.
Un enfant qui est élevé dans un domicile où de la maltraitance a cours n’a pas de choix. J’ai n’ai jamais eu de choix. On me disait quoi manger, qui pouvaient être mes amis, et ce que j’étais pour être quand je serai grand. Et puis, on s’attend à ce que je fasse des choix, et que je décide si ma vie est traumatisante ou non? J’avais besoin d’aide pour arriver à comprendre ma propre situation.
C’est ma conseillère en orientation qui m’a aidé dans la prochaine étape de mon parcours. Ma conscience et ma compréhension de ce que j’avais vécu se sont développées au cours de plusieurs séances. La chose la plus importante qui s’est produite pour moi – probablement dans toute ma vie – est que ma conseillère en orientation m’a dit clairement que rien ne se passerait sans ma permission. Que cela serait mon choix. Et lorsque j’ai pris la décision de quitter la maison et ma famille biologique, c’était la première fois de ma vie que j’avais le choix. Jusqu’à ce qu’on me retire de ma famille, j’avais une semaine pour faire mes valises. Un jour, je suis parti pour l’école, et lorsque la cloche a sonné à la fin de la journée, je ne suis pas retourné à la maison.
J’ai commencé à vivre dans une famille d’accueil. J’ai aussi commencé à consulter. Lentement, les mots qui me blessaient ont commencé à perdre leur pouvoir. J’ai aussi commencé à trouver les mots pour exprimer tout ce que j’avais vécu. J’ai commencé à me rendre compte que j’avais un avenir, que je pouvais devenir tout ce que j’espérais être. Et je sais qu’une partie de cet avenir sera de raconter mon histoire. Je veux combler le silence au sujet de la maltraitance avec des mots d’espoir.
Merci,
Tom Alfandary
Contact your local Children’s Society. You can find the contact information here. Remember that the age of protection has now been raised to include 16 and 17-year-olds.
Call Kid’s Help Phone at 1-800-668-6868.
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