Au cours des cinq dernières années, en commençant par la Commission de promotion de la viabilité des services de bien-être de l’enfance, le système du bien-être de l’enfance a procédé à des changements importants pour améliorer la responsabilisation et la transparence ainsi que pour s’assurer qu’il est viable. Bien qu’il y ait eu des avancées, on doit en faire plus, particulièrement pour ce qui est de créer des modèles de gouvernance solides, de poursuivre l’élaboration d’un système de mesure du rendement, de renforcer les pratiques en ressources humaines, de garantir un modèle de financement sain ainsi que d’appuyer et d’aligner les services sociaux aux enfants et aux familles.
Gouvernance communautaire
Les conseils d’administration des SAE sont composés de bénévoles de la communauté. Ce modèle de gouvernance communautaire met le fardeau sur le conseil quant au fonctionnement et au mieux-être financier de leur agence. Actuellement, il n’existe pas de loi pour protéger les membres du conseil contre la responsabilité si une SAE est aux prises avec un problème lié à la prestation de services statutaires. Étant donné les défis de financement continus auxquels font face les SAE, les conseils s’efforcent de fonctionner de façon responsable et transparente, dans le cadre d’une enveloppe de financement restreinte, tout en offrant en quantité suffisante les services de qualité requis par la communauté. L’absence de soutiens législatifs pourrait décourager les membres de la communauté de s’engager ainsi que limiter la souplesse et la faculté d’adaptation des conseils.
Gestion du rendement
Selon les recommandations de la Commission de promotion de la viabilité des services de bien-être de l’enfance, les SAE travaillent avec le MSEJ à l’élaboration et l’analyse d’un jeu complet d’indicateurs de rendement. Ces indicateurs, qui seront déclarés publiquement au cours des prochaines années, fourniront des données et permettront d’accroître l’analyse, la responsabilisation et la transparence. Les SAE, en partenariat avec le gouvernement, mettent de l’avant un système de gestion du rendement qui permettra : la planification organisationnelle efficace, la surveillance de la gouvernance, l’amélioration des services et la déclaration publique des résultats. Bien que le travail soit en cours, pour que les indicateurs soient significatifs, le gouvernement doit donner son soutien en fournissant les ressources pour que chaque SAE puisse recueillir, analyser et déclarer ces mesures. Ce projet est lié stratégiquement à la mise en œuvre du Réseau d’information pour la protection de l’enfance (RIPE) par le gouvernement provincial. Le RIPE liera les données de toutes les SAE de l’Ontario et permettra d’apporter de nombreuses améliorations à l’analyse et à la gestion des résultats, tant à l’échelle communautaire que provinciale.
Main d’œuvre saine
Plus de 8 000 professionnels travaillent dans le secteur du bien-être de l’enfance. Leur dévouement et leur passion sont une dimension essentielle à la viabilité du secteur. Au cours de la dernière année, les SAE ont travaillé avec leurs syndicats afin de mener une étude approfondie sur la sécurité des travailleurs dans le cadre de la prestation des services du bien-être de l’enfance. Des problèmes de sécurité importants ont été cernés, et les parties ont uni leurs efforts pour analyser les pratiques et élaborer des recommandations afin de garantir une main d’œuvre forte et saine. Alors que certaines recommandations nécessitent une action à l’échelle locale, la plupart d’entre elles se situent à l’échelle du système et nécessiteront le soutien du gouvernement ainsi que les ressources adéquates pour que le personnel du secteur du bien-être de l’enfance dispose de normes de sécurité élevées.
Modèle de financement approprié
Un nouveau modèle de financement des SAE a été mis en place en 2013. Bien que ce modèle réponde aux besoins de financement de nombreuses collectivités, il a des limites dans certaines collectivités et ces limites peuvent avoir une incidence sur la sécurité et le mieux-être des enfants. On doit examiner le nouveau modèle de financement afin de s’assurer qu’il a l’effet visé et qu’il améliore la viabilité du secteur au lieu de contribuer à des effets négatifs involontaires. Les premières indications sont que le modèle pourrait ne pas régler les problèmes dans les agences et les collectivités nordiques. Plus les SAE sont géographiquement dispersées et éloignées et travaillent dans des communautés qui sont plus fragilisées, où les territoires sont vastes, plus une structure de services sociaux exhaustive est nécessaire pour aider à appuyer le mieux-être des enfants et des familles. Il existe aussi d’autres défis, comme le recrutement et la rétention de personnel qualifié ainsi que les coûts excessifs de transport pour servir les enfants et les familles. D’autres populations particulières comme la population francophone de l’Ontario peuvent aussi ne pas être servies adéquatement par le modèle de financement actuel.
Soutiens communautaires
Pour que le secteur du bien-être de l’enfance continue à fonctionner efficacement, on doit disposer de services sociaux communautaires pour ajouter au travail de protection de l’enfance. Le manque de services suffisants se traduit par des retards importants dans l’aide nécessaire pour assurer la santé, la sécurité et l’intégrité des familles et accroît les risques que des enfants et des familles passent entre les mailles du filet. Cela peut aussi signifier qu’une famille s’enfonce davantage dans le système du bien-être de l’enfance. De longs délais d’attente pour les services de santé mentale aux enfants, des services de toxicomanie limités, l’accès limité à des services de soutien relatifs à la violence familiale, ainsi que le manque de logement public, sont des exemples de situations qui ont une incidence sur la capacité de l’ensemble de la communauté d’assurer l’épanouissement des enfants et des familles.
Qu’est-ce qui doit être fait?
Des investissements stratégiques et appropriés doivent être faits dans les aspects cernés. Cela permettra au secteur de bâtir un système responsable, transparent, efficace et viable qui est appuyé par les autres services à l’enfance et sociaux et contribue à appuyer ces derniers. Sans les soutiens législatifs, financiers, de dotation en personnel et communautaires appropriés, le système du Rapport du bien-être de l’enfance de l’Ontario | 2014 18 bien-être de l’enfance ne sera pas en mesure de répondre aux besoins de ses diverses populations. Les stratégies à court terme et le financement fragmenté ne tiennent pas compte de la réalité démographique de l’Ontario et n’offrent pas d’assise stable pour un service aussi essentiel.
Recommandations
- Continuer d’appuyer les conseils d’administration des SAE en offrant à leurs membres de la formation en gouvernance améliorée ainsi qu’en leur procurant la protection de responsabilité dont bénéficient les membres du conseil d’autres organismes communautaires.
- Corriger les conséquences involontaires du modèle de financement, qui pourraient compromettre la capacité des agences d’offrir les services nécessaires ainsi que d’effectuer une planification financière saine et pluriannuelle.
- Investir dans élaboration accrue d’indicateurs de rendement et du RIPE ainsi que s’assurer que les SAE ont les ressources nécessaires pour recueillir les données et analyser l’information.
- Appuyer le système du bien-être et les agences locales afin de régler les problèmes de sécurité auxquels font face les intervenants en protection de l’enfance dans leur travail quotidien avec les enfants et les familles.
- Restructurer le système pour se concentrer sur les soutiens aux agences du Nord ainsi qu’aux agences autochtones et des PNMI, incluant une stratégie nordique et des soutiens au processus de délégation.
- Continuer à créer des ressources communautaires dans des domaines comme la santé mentale des enfants, le traitement de la toxicomanie et les initiatives de prévention de la violence familiale.