La négligence est l’une des plus courantes préoccupations relatives à la protection de l’enfance en Ontario.
Mary Ballantyne, chef de la direction de l’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance, discute de la façon dont les sociétés d’aide à l’enfance (SAE) peuvent aider les familles à régler ce problème.
En quoi la négligence est-elle une forme de mauvais traitements à l’égard des enfants?
Lorsqu’un enfant est négligé, ses besoins vitaux ne sont jamais satisfaits. Il peut s’agir, entre autres, de mauvaise alimentation et de manque d’attention à l’hygiène. Selon la perspective du bien-être de l’enfance, la négligence est une préoccupation parce qu’à terme, elle a une influence sur la capacité de l’enfant de s’épanouir. Chez les très jeunes enfants, la négligence pose évidemment un risque réel et immédiat. Une alimentation inadéquate met leur vie en danger, et un manque d’attention à l’hygiène peut entraîner des maladies graves. À mesure que l’enfant grandit, la négligence n’est peut‑être pas une question de vie ou de mort, mais elle a une incidence sur la façon dont l’enfant gère le quotidien. Un enfant affamé aura de la difficulté à l’école; il pourra être intimidé ou ridiculisé par ses pairs à cause de sa mauvaise hygiène. Lorsque les enfants atteignent l’adolescence, les effets de la négligence se font sentir sur son comportement, notamment une faible estime de soi, ainsi que l’incapacité de réussir à l’école parce qu’ils manquent de confiance et d’aptitudes.
Comment l’aide à l’enfance aide-t-elle les enfants qui ont été négligés?
L’un des plus grands défis d’un intervenant en bien-être de l’enfance est de déterminer la source de la négligence. Est-ce parce que le parent manque de compétences pour s’occuper de son enfant? Est-ce en raison d’un problème de toxicomanie ou de santé mentale? La pauvreté signifie aussi qu’un parent ne peut pas répondre adéquatement aux besoins de son enfant, parce qu’il y a trop de besoins concurrents pour les ressources limitées qu’il a.
Donc, comment les interventions différeront-elles selon ces diverses situations?
S’il s’agit d’un problème de compétences parentales, l’intervenant en bien-être de l’enfance travaillera avec le parent et le mettra en relation avec les ressources dont il a besoin pour acquérir les compétences nécessaires. Dans le cas d’un problème de toxicomanie ou de santé mentale, le parent pourra s’inscrire à un programme de traitements. Si la pauvreté contribue à la négligence, l’intervenant pourra revendiquer l’obtention des ressources nécessaires au nom de la famille. Dans certains cas, on recourra à une combinaison de toutes ces approches.
Des interventions concrètes peuvent souvent aider réellement certaines familles. Il peut être très difficile pour une famille de vivre dans un espace restreint, dans un immeuble qui tombe en ruine et est non sécuritaire. Si l’intervenant en bien-être de l’enfance peut procurer à la famille un logement raisonnable, où elle sera fière, cela pourra contribuer à réduire la négligence. De la même manière, le fait de diminuer le stress quotidien en fournissant du transport ou un service de garde permet à un parent de se concentrer davantage sur l’éducation de l’enfant. Lorsque les parents ont une bonne estime de soi, ils sont de meilleurs parents.
Est-ce un rôle que l’aide à l’enfance doit assumer?
C’est un rôle que l’aide à l’enfance assume depuis des décennies, mais on ne saisit probablement pas bien qu’il s’agit d’une forme d’intervention importante. Le soutien concret au domicile est crucial : les gens apprennent à être de bons parents tout en obtenant le soutien pour eux et leur enfant. L’aide à l’enfance joue un rôle important en mettant les familles en difficulté en relation avec les nombreux programmes cruciaux offerts dans leur communauté.
Une récente étude utilisant les données de l’Ontario Incidence Study of Child Abuse and Neglect montre que la pauvreté a un lien avec le nombre disproportionné d’enfants autochtones et afro-canadiens pris en charge. Le travail des SAE avec les enfants subissant de la négligence a-t-il un impact inéquitable sur les familles vivant dans la pauvreté?
Nous savons que la pauvreté est racialisée en Ontario et au Canada – les taux de familles autochtones et afro-canadiennes vivant dans la pauvreté sont dramatiquement inquiétants. Parce que nous travaillons avec des enfants subissant de la négligence, et la pauvreté peut souvent ressembler à de la négligence, nous nous rendons compte que cela peut être un facteur contributif au fait que ces communautés soient surreprésentées.
Avec le soutien du gouvernement, nous avons tenu des consultations sur la question de la surreprésentation avec les communautés afro-canadiennes. La publication récente d’Une vision une voix, un Cadre de pratique pour changer le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario afin de mieux servir les Afro-Canadiens constitue une étape importante dans cette quête de la compréhension.
Quel rôle la communauté peut-elle jouer pour aider les enfants qui subissent de la négligence?
La communauté joue un très grand rôle. En sachant que des membres de votre communauté ont de la difficulté, vous pouvez vous demander comment vous pourriez les aider. Offrir de prendre soin des enfants de vos voisins après l’école, partager un repas, ou simplement écouter, sont des façons considérables de faire partie de la solution.
Un autre geste important que les membres de la communauté peuvent poser est d’appeler la SAE s’ils croient qu’un enfant subit des mauvais traitements ou de la négligence. Leur appel peut mener à une offre de soutien à une personne qui ne peut pas s’aider.