Les personnes qui réclament la restructuration des sociétés d’aide à l’enfance de l’Ontario ne comprennent pas les nombreux aspects dans lesquels notre système excelle.
Les sociétés d’aide à l’enfance (SAE) accueillent les commentaires relatifs à leur travail avec les familles de l’Ontario qui font face aux défis accablants liés à la pauvreté, à la violence, à la toxicomanie et aux problèmes de santé mentale. Le modèle de bien-être de l’enfance de l’Ontario, qui repose sur l’engagement communautaire, reflète effectivement l’histoire de l’Ontario en matière de responsabilisation locale; il a de nombreux avantages manifestes.
Dans la foulée de plusieurs articles critiques dans le Toronto Star, Martin Regg Cohn demande que le système actuel du bien-être de l’enfance soit démantelé et remplacé par un modèle plus centralisé. Cependant, compte tenu des récents problèmes rapportés dans les systèmes du bien-être de l’enfance de la Colombie-Britannique et du Manitoba (qui utilisent un système plus centralisé), nous nous posons des questions sur la façon dont M. Cohn est arrivé à cette recommandation.
La première ministre Kathleen Wynne a exprimé une volonté de « pulvériser le système » au besoin. Nous accueillons un dialogue éclairé et consultatif sur la façon de continuer à améliorer le bien-être de l’enfance dans cette province. Étant donné que de nombreux enfants vulnérables comptent sur les services des SAE, et que l’année dernière, plus de 180 000 appels ont été acheminés aux SAE, nous suggérons une approche plus prudente et réfléchie. Une étude récente du modèle de bien-être de l’enfance de l’Ontario a déjà été faite, et ses recommandations relatives à la transformation du système sont mises en œuvre quotidiennement par les SAE de l’Ontario.
En 2012, un groupe d’experts nommé par le gouvernement – la Commission de promotion de la viabilité des services de bien-être de l’enfance (la Commission) – a publié son rapport sur le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario. Le groupe a conclu que le système du bien-être de l’enfance communautaire de l’Ontario est « un atout à conserver » et qu’il est « un véhicule efficace pour tirer profit de la bonne volonté, de la philanthropie et du bénévolat communautaires, tout en établissant des relations positives et fondées sur la confiance. »
Le système du bien-être de l’enfance a mis en œuvre pratiquement toutes les principales recommandations de la Commission : des indicateurs de rendement rendus publics, un plan d’affaires relatif aux services partagés, le regroupement de 16 SAE grâce à sept fusions, des examens cycliques, des ententes de reddition de comptes entre les conseils d’administration des SAE et le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse (MSEJ), ainsi qu’un projet d’amélioration continue de la gouvernance des conseils d’administration.
Toutes ces démarches sont effectuées dans le cadre de budgets restreints et de charges de travail accrues. Depuis trois ans, l’allocation de financement du bien-être de l’enfance est restée stable. Le nouveau modèle de financement a drastiquement réduit les budgets de nombreuses SAE, au point où des choix importants ont dû être faits concernant la façon de continuer de fonctionner. Nous invitons le gouvernement de l’Ontario à évaluer s’il a été aussi diligent dans la mise en œuvre des recommandations des rapports de la Commission ou du vérificateur général relativement aux activités du bien-être de l’enfance au MSEJ.
Le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario est en cours de transformation et d’amélioration continue. Les professeurs Nico Trocmé, à l’Université McGill, et Barbara Fallon, à l’Université de Toronto, ont passé des années à mener des études statistiques rigoureuses relatives aux bien-être de l’enfance de l’Ontario. Leurs données nationales et provinciales ont montré à maintes reprises que l’Ontario a le taux le plus bas de retraits des enfants de leur domicile familial, le deuxième taux le plus bas d’enfants en placement d’accueil, ainsi que le taux le plus élevé d’enfants retournés dans leur famille dans un délai de 12 mois.
Oui, les enfants qui restent pris en charge risquent davantage d’obtenir de mauvais résultats, tout comme les enfants pris en charge de partout dans le monde. Ces enfants ont été exposés à des situations terribles, comme la violence, les traumatismes, la pauvreté, la toxicomanie, ainsi que les problèmes graves de santé mentale des personnes responsables, et habituellement à une combinaison de ces facteurs. Ces enfants ne sont pas seulement la responsabilité du système du bien-être de l’enfance. Ils sont la responsabilité de l’ensemble du système de services sociaux, et en réalité de nous tous. On a qu’à jeter un coup d’œil aux statistiques de l’Ontario relativement à la pauvreté infantile pour comprendre pourquoi tant d’enfants et de familles nécessitent le soutien des SAE pour survivre.
La direction des SAE de l’Ontario s’est engagée collectivement à adopter un processus responsable, uniforme et transparent de mise en œuvre des recommandations et des actions requises par les institutions de surveillance comme les enquêtes du coroner, le rapport du vérificateur général, ainsi que l’examen de la juge Susan Lang concernant les défaillances lamentables du laboratoire Motherisk de l’hôpital SickKids. Et nous nous sommes engagés à rendre compte de nos progrès collectifs et individuels.
Les Ontariens exigent une approche responsable et cohérente à la révision et à l’amélioration de son système du bien-être de l’enfance. Ayons cette conversation publique qui doit inclure toutes les parties prenantes et mettre la voix des enfants et des familles au premier plan.
Cette histoire a originellement été publiée dans le Toronto Star le 1er janvier 2016.