L’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance (AOSAE), au nom de ses 44 sociétés d’aide à l’enfance (SAE) membres, accueille favorablement la décision du Tribunal canadien des droits de la personne énonçant que le gouvernement fédéral a fait preuve de discrimination envers les enfants des Premières nations vivant dans des réserves, en négligeant d’offrir le même niveau de services du bien‑être de l’enfance que celui existant ailleurs au Canada. La plainte relative aux droits de la personne a originellement été déposée en 2007 par Cindy Blackstock, de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières nations du Canada, et l’Assemblée des Premières nations.
« En tant qu’association représentant les sociétés d’aide à l’enfance de toute la province, incluant six agences autochtones, nous constatons quotidiennement l’impact du sous-financement des services du bien-être de l’enfance sur les enfants et les familles des Premières nations », déclare Mary Ballantyne, chef de la direction de l’AOSAE. « Ce manque de services a incontestablement fait en sorte que des enfants ont été séparés de leur famille. »
L’absence de services du bien-être de l’enfance dans les réserves signifie que plus d’enfants des Premières nations finissent par être pris en charge
Aujourd’hui, plus de 21 % des enfants pris en charge en Ontario sont autochtones (Premières nations, Métis ou Inuit), bien qu’ils représentent à peine 3 % de la population. La majorité de ces enfants autochtones sont pris en charge parce que leurs personnes responsables sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de pauvreté, qui font tous partie de l’héritage de la discrimation, de l’iniquité sociale et économique et du génocide culturel du gouvernement. Le fait d’offrir rapidement le soutien culturellement approprié aux enfants des Premières nations et à leur famille dans les réserves réduirait le nombre d’enfants pris en charge. De cette façon, le système du bien-être de l’enfant pourrait assumer le rôle de soutien qu’il se doit d’offrir, en améliorant les forces de la famille ainsi que sa capacité d’assurer la sécurité de ses enfants.
« Les statistiques confirment les iniquités dont font l’objet les enfants autochtones dans pratiquement tous les aspects de leur vie », déclare Karen Hill, experte du bien-être de l’enfance autochtone à l’AOSAE. « Nous espérons que cette décision accroisse les ressources et les soutiens offerts aux enfants autochtones, de sorte qu’ils puissent participer de façon égale aux autres enfants du Canada. »
Des services du bien-être de l’enfance dans les réserves permettraient à plus de familles de rester unies
Une famille en difficulté vivant dans une réserve a besoin de services du bien-être de l’enfance qui respectent le lien entre l’enfant, les personnes responsables, la communauté et la nation. Le modèle de bien-être de l’enfance de l’Ontario est unique, en ce sens qu’il se concentre sur le renforcement des familles et la connexion de celles-ci avec les services communautaires lorsqu’elles en ont besoin. Ce modèle permet aux familles de rester unies pendant que la personne responsable guérit. Lorsque les services sont offerts de cette façon, les données sont beaucoup plus encourageantes : dans 97 % des enquêtes des SAE, les enfants restent au domicile familial. On peut obtenir le même résultat positif pour les enfants et les familles des Premières nations vivant dans les réserves, à condition qu’on offre des services du bien-être de l’enfance, comme des stratégies de prévention culturellement appropriées, lorsqu’ils sont nécessaires et où ils le sont.
3 étapes permettant d’offrir des services du bien-être de l’enfance équitables dans les réserves
Alors que l’AOSAE continue d’appuyer le rétablissement intégral de l’autorité aux communautés autochtones en matière de protection de l’enfance, c’est-à-dire que chaque communauté des Premières nations a l’autorité législative de prendre des décisions relatives à la protection de l’enfance pour leurs enfants, le gouvernement peut contribuer à ce que nous nous attaquions immédiatement aux iniquités dans les réserves, en aidant les agences du bien-être de l’enfance autochtones à :
- offrir des services culturellement appropriés aux besoins de leurs communautés, et auxquels elles ont droit en vertu de la Loi sur les services à l’enfance et à la famille;
- fournir des traitements et des soins spécialisés qui sont culturellement appropriés et accessibles, particulièrement dans les agences du Nord;
- appuyer la réconciliation entre les communautés autochtones et le secteur du bien-être de l’enfance.
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