Dans toute la province, les sociétés d’aide à l’enfance (SAE) réduisent le nombre d’enfants pris en charge. Maxine McCaulay explique comment le travail de la Huron-Perth Children’s Aid Society avec les proches transforme la façon dont son agence protège les enfants.
Le travail avec les proches — incluant les membres de la parenté, mais aussi d’autres personnes avec qui l’enfant a un lien — lorsque des inquiétudes relatives à la protection de l’enfance surviennent est une tendance croissante dans les SAE. Pourquoi est-ce devenu une priorité pour votre agence?
Notre philosophie est de respecter la capacité de la famille de s’occuper de leurs enfants et de faire en sorte qu’ils ne leur soient pas retirés ou qu’ils ne perdent pas contact avec leur famille et leur identité. Dans la mesure du possible, nous recherchons des proches qui peuvent s’occuper d’un enfant pendant que les parents règlent leurs problèmes; les problèmes de santé mentale ou de dépendance ont une incidence sur de nombreuses familles que nous servons. Le placement d’un enfant chez un proche est dans l’intérêt véritable de l’enfant.
Comment trouvez-vous des proches potentiels?
Lorsque nous nous occupons d’une famille, nous nous attendons entre autres à ce que les intervenants demandent aux parents « Pouvez-vous nommer trois autres soutiens dont vous pourriez disposer au cas où vous ne seriez pas en mesure de vous occuper de vos enfants? » Il arrive que les parents ne soient pas disposés à donner des noms, mais nous continuons de rechercher cette information, parce qu’habituellement, quelqu’un est disponible. Nous recourons à un processus de « recherche familiale, où nous rassemblons les parents, la famille élargie et des membres de la communauté. Il nous arrive souvent de voir des grands-parents, ou encore une tante ou un oncle, offrir d’agir en tant que personnes reponsables. Mais il peut s’agir d’autres personnes qu’un membre de la parenté directement. Par exemple, un enfant a été placé auprès de son aide-enseignante, en tant qu’option de placement chez un proche.
Comment déterminez-vous si des proches seront de bonnes personnes responsables?
Lorque, nous trouvons des personnes responsables potentielles, nous procédons à une évaluation d’un proche. Parce que le proche devient le parent, il doit démontrer qu’il est en mesure de répondre aux besoins de l’enfant comme s’il était le parent. Nous évaluons sa capacité de s’occuper de l’enfant à long terme. Nous espérons que si l’enfant ne peut pas retourner avec son parent biologique, le proche soumettra une demande de garde légale afin de procurer une certaine permanence à l’enfant.
Quel genre de soutien les proches agissant comme personnes responsables obtiennent-ils de votre agence?
Les proches peuvent offrir un placement aux enfants de deux façons. Dans le cas d’un « placement chez un proche sans prise en charge », qui est la façon dont on s’occupe de plus en plus des enfants, les enfants ne sont pas officiellement pris en charge par la SAE. Le « placement chez un proche avec prise en charge » est une autre option qui engage toujours des proches, mais les enfants sont considérés comme étant pris en charge pas la SAE. De plus, les personnes responsables dans le cadre d’un placement chez un proche doivent se soumettre aux mêmes évaluations et formations que les familles d’accueil. Ils obtiennent de l’aide financière de la SAE pour s’occuper de l’enfant. On attribue aussi un intervenant de l’aide à l’enfance aux enfants placés chez un proche avec prise en charge.
Dans le cas d’un placement chez un proche sans prise en charge, nous nous efforçons d’offrir aux enfants et à leurs personnes responsables le même soutien qu’aux familles ayant le statut de « famille d’accueil avec prise en charge ». Une différence importante est que la SAE n’offre pas de ressources financières aux familles ayant le statut de « famille d’accueil sans prise en charge ». Les proches peuvent être admissibles à de l’aide pour soins temporaires d’Ontario au travail ou à certains soutiens de la SAE, comme des bons de nourriture, des services de garde, des camps d’été et le paiement de factures d’électricité. En tant qu’agence, nous faisons ce que nous pouvons, mais nous ne pouvons malheureusement pas offrir ce soutien de façon continue. C’est pourquoi lors d’une évaluation de placement chez un proche, nous vérifions entre autres la capacité financière de la personne responsable de s’occuper de l’enfant à long terme.
Le placement des enfants chez un proche a fait l’objet d’examen durant l’enquête sur le décès de Jeffrey Baldwin. Comment votre agence aborde-t-elle ces préoccupations relatives au placement chez un proche, dans l’ombre de cette enquête?
Il est vraiment essentiel de procéder à un examen exhaustif du dossier, ce qui n’a pas été fait dans le cas des personnes responsables de Jeffrey. Nous nous assurons de respecter les Normes de la protection de l’enfance de l’Ontario ainsi que d’effectuer un examen le plus exhaustif possible. Cela inclut des entrevues avec l’enfant et les personnes responsables, la vérification de l’identité, ainsi que les vérifications de casier judiciaire et d’antécédents en matière de bien-être de l’enfance. L’intervenant doit s’assurer que, dès le départ, il a fait son travail et tout prévu, a fait ses recherches et a lu le dossier. Une fois l’évaluation des proches terminée, l’intervenant en protection de l’enfance rencontre l’enfant chaque mois au domicile des proches où il est placé, ainsi que l’intervenant responsable du placement chez un proche tous les trois mois. Les gestionnaires de services insistent sur l’importance de procéder à un examen du dossier avant de placer un enfant chez un proche.
Dans quelle mesure vos efforts pour faire du placement chez un proche la première option ont-ils réussi?
Nous constatons que beaucoup moins d’enfants sont pris en charge. Des enfants sont toujours confiés aux soins de la SAE, mais nous nous efforçons grandement de trouver un placement chez un proche. Nous avons vu le nombre d’enfants placés chez un proche sans prise en charge augmenter chaque année depuis cinq ans. Le nombre moyen d’enfants placés sans prise en charge est passé de 32 en 2010–2011 à 58 en 2014–2015.