Pourquoi la publication du Cadre de travail Une vision une voix est-elle un moment important pour le bien-être de l’enfance?
Le projet Une vision une voix et le Cadre de pratique constituent une reconnaissance par le système du bien-être de l’enfance que nous servons des familles, des enfants et des jeunes afro-canadiens. Nous sommes dans une ère où nous, la communauté d’ascendance africaine, nous demandons manifestement si nos vies, notre voix et nos perspectives comptent. En réalisant ce projet, le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario dit « nous voulons entendre ce que la communauté a à dire, et nous voulons qu’elle éclaire la façon dont nous accomplissons notre travail auprès de cette communauté. »
Le lancement du Cadre de pratique Une vision une voix correspond avec le Mois de la prévention du mauvais traitement des enfants. Le Cadre de travail contient-il des recommandations qui sont pertinentes à cette campagne?
Durant le Mois de la prévention du mauvais traitement des enfants, nous accroissons la sensibilisation relativement à l’importance d’appeler la SAE lorsqu’on a des préoccupations relatives à la sécurité ou au mieux-être d’un enfant ou d’un jeune. Mais les recherches ont révélé que les signalements, qui constituent le premier stade du processus du bien-être de l’enfance, peuvent jouer un rôle quant à la surreprésentation des Afro-Canadiens dans le système du bien-être de l’enfance.
Pouvez-vous expliquer le lien entre les signalements et la surreprésentation?
Les recherches nous disent que le taux de mauvais traitements à l’égard des enfants chez les personnes d’ascendance africaine est semblable à celui qui existe chez les personnes d’ascendance européenne. Le nombre de signalements aux SAE devrait refléter cette proportion. Cependant, les données des SAE locales révèlent une surreprésentation des familles d’ascendance africaine.
Le Cadre de travail Une vision une voix fait-il des recommandations sur la façon d’améliorer le processus de signalement?
Le Cadre de pratique contient 11 pratiques d’équité raciale qui, si elles sont mises en œuvre, produiront des changements significatifs. L’une des pratiques d’équité raciale recommande la formation du personnel des SAE et des sources de signalement obligatoire, comme les enseignants et la police, de sorte qu’ils aient une compréhension plus nuancée de la façon dont leurs biais peuvent contribuer à la disproportion dans le système du bien-être de l’enfance. Le Cadre de pratique réclame précisément de la formation relative à l’antiracisme et particulièrement l’antiracisme envers les Noirs.
Exigeons-nous des gens qu’ils pensent comme des travailleurs sociaux lorsque nous leur demandons de réfléchir à l’appel qu’ils font à la SAE?
Non…, mais c’est compliqué. Ce que j’ai appris est qu’on veut encourager les gens à se fier à l’expertise des intervenants en bien-être de l’enfance dans l’évaluation des préoccupations de protection de l’enfance. La complexité est que nos résultats montrent que l’ensemble de la communauté a tendance à faire des appels de façon disproportionnée au sujet des familles et des enfants autochtones et afro‑canadiens.
Que diriez-vous à une personne qui se demande si elle devrait appeler la SAE parce qu’elle croit que sa préoccupation pourrait être raciste ou avoir des répercussions racistes?
Cela est difficile. D’instinct, je dirais « Appelez! » La raison pour laquelle je parle d’instinct est que réellement, il relève des SAE d’être dotées d’intervenants à l’accueil solides et compétents qui peuvent détecter les appels inappropriés et les traiter de la sorte; la situation serait ainsi abordée correctement. Si nous pouvions amener la communauté à réfléchir de façon plus critique, et avoir des intervenants à l’accueil des SAE formés et appuyés pour répondre adéquatement, je crois que nous constaterions une différence dans les résultats pour les Afro-Canadiens.
UNE VISION UNE VOIX : Changer le système du bien-être de l’enfance pour les Afro-Canadiens est un projet mené par la communauté afro-canadienne, financé par le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse de l’Ontario, par l’entremise de l’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance, afin d’élaborer un Cadre de pratique qui améliorera les résultats pour les familles et les enfants afro‑canadiens qui ont affaire au système du bien-être de l’enfance.
Depuis des décennies, les Afro-Canadiens, les défenseurs d’intérêts, les utilisateurs de service, les partenaires communautaires, et plus récemment, les médias, soulèvent la question de la surreprésentation des enfants et des jeunes afro-canadiens dans le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario. Bien que les données permettant de quantifier l’ampleur de la disproportion raciale n’aient pas été recueillies à l’échelle provinciale, les données limitées disponibles, les expériences personnelles des utilisateurs de services, ainsi que les observations des fournisseurs de services, des défenseurs d’intérêts, des tribunaux de la famille et des foyers de groupe confirment qu’il existe une surreprésentation des Afro-Canadiens dans le système du bien-être de l’enfance de l’Ontario.