L’analyste de programmes principale, Morag Demers, discute de l’état actuel de l’adoption publique.
De nombreuses personnes ne se rendent pas compte que les sociétés d’aide à l’enfance (SAE) sont responsables de l’adoption publique en Ontario. Pouvez-vous préciser le rôle que les SAE jouent lorsqu’il s’agit de trouver des familles à jamais pour les enfants?
En vertu de la Loi sur les services à l’enfance et à la famille, nous avons la responsabilité légale de trouver des familles permanentes pour les enfants qui, pour diverses raisons, ne sont pas en mesure de grandir au sein de leur famille biologique. Notre objectif principal est d’aider les enfants et les jeunes à vivre en sécurité au sein de leur famille d’origine – 97 % du travail que nous faisons est d’appuyer les enfants à leur domicile familial. Mais, dans un certain nombre de cas, il n’est pas sécuritaire que les enfants restent avec leur famille, et c’est là que nous commençons à étudier des dispositions de rechange, incluant l’adoption.
Quels sont les principaux services que les SAE offrent en matière d’adoption?
Le plus important, probablement, est que nous travaillons étroitement avec les enfants et les personnes qui les connaissent le mieux pour déterminer si l’adoption est la meilleure option pour eux. Les services particulièrement liés à l’adoption ne sont pas amorcés avant qu’il devienne évident que le retour au domicile familial n’est pas une option pour les enfants, et que le placement chez un proche n’est pas une option non plus. Les intervenants commencent à utiliser le terme « adoption », et à expliquer ce que cela signifie à l’aide de ressources comme des livres et des histoires, en ayant comme objectif d’aider les enfants à se familiariser avec la possibilité de vivre au sein d’une autre famille, à y être ouverts et à être à l’aise avec cette option. Comme le concept d’adoption et même l’utilisation de ce terme leur sont habituellement inconnus, ils sont inquiets. Pour les enfants plus âgés, la prise de conscience qu’ils ne retourneront pas dans leur famille d’origine est douloureuse, et ils se battent souvent avec des sentiments de loyauté partagés.
Quels genres de services d’adoption les SAE offrent-elles aux familles souhaitant recourir à l’adoption publique?
Nous facilitons l’accès à l’information et aux services de soutien pour les familles souhaitant explorer l’adoption. Cela inclut de la formation qui prépare les familles au rôle qu’elles entrevoient et des études du milieu familial (cliquez ici pour obtenir plus d’information sur la formation préalable PRIDE et de l’Étude du milieu familial SAFE). Nous offrons aussi des services de soutien après l’adoption comme des groupes de parents adoptifs et, dans certaines collectivités, du counseling familial ou des soutiens thérapeutiques aux enfants. Enfin, nous offrons des services de divulgation aux adultes adoptés qui veulent accéder aux antécédents de leur famille biologique.
Le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse (MSEJ) a récemment instauré un examen des services d’adoption en Ontario. Quel est l’objectif de cet examen, et comment les SAE y participent‑elles?
En 2015, le ministre des Services à l’enfance et à la jeunesse a annoncé plusieurs initiatives visant à appuyer la permanence et les services d’adoption en Ontario. Ces initiatives incluent un examen des services d’adoption en Ontario. Ce dernier a été instauré en septembre dernier et est mené par KPMG.
Le secteur accueille favorablement l’examen et collabore avec le MSEJ afin d’aider le comité d’examen à comprendre le portrait actuel de l’adoption publique et explorer des possibilités d’accroître l’efficacité et l’efficience du système. Le comité d’examen a consulté l’AOSAE à plusieurs reprises et rencontre chaque SAE. Surtout, nous voulons que le comité d’examen saisisse la façon dont l’adoption est incorporée à d’autres options de permanence, comme le placement chez un proche, le placement selon les soins conformes aux traditions et la garde légale, et le fait qu’il est très difficile de comprendre l’adoption sans étudier toute la gamme d’options de permanence.
À quelle fréquence les adoptions publiques ont-elles cours?
L’année dernière, nous avons légalement conclu 870 adoptions. De nombreuses personnes ne comprennent pas que le nombre d’enfants en attente d’adoption a diminué au cours des dernières années, et que l’âge moyen des pupilles de la Couronne placés depuis au-delà de deux ans est de plus de 14 ans. De nombreuses familles adoptives candidates potentielles recherchent des enfants âgés de 5 ans ou moins. Or, les jeunes enfants que nous prenons en charge sont habituellement adoptés par des personnes qu’ils connaissent, comme des proches, des familles d’accueil ou des familles adoptives qui avaient déjà adopté un frère ou une sœur.
Selon vous, quels aspects du système d’adoption publique pourraient être améliorés?
Les SAE de l’Ontario sont profondément enracinées dans les communautés qu’elles servent. Ce genre de modèle de services permet aux agences d’adapter leur travail aux communautés locales et constitue une force de notre système. Cependant, cette approche peut créer de la confusion lorsqu’il s’agit d’adoption, puisque les familles souhaitant adopter ne vivent pas toutes dans la communauté locale desservie; elles viennent des quatre coins de la province. Notre objectif est de nous efforcer d’améliorer notre façon d’aider les résidents de toute la province à accéder équitablement aux ressources et à l’information relatives aux enfants qui recherchent une famille à jamais.
Quelles améliorations importantes avez-vous constatées dans l’adoption publique au cours de la dernière année?
En 2015 le MSEJ a facilité l’établissement d’un partenariat avec la Dave Thomas Foundation for Adoption afin d’appuyer le programme Wendy’s Wonderful Recruiters en Ontario. Ce programme cible le recrutement de familles souhaitant adopter des enfants plus âgés, des enfants ayant des besoins complexes et des groupes de frères et sœurs. Wendy’s Wonderful Recruiters travaille au sein de nos agences et se concentre seulement sur la recherche de foyers permanents et aimants pour les enfants qui ont des besoins uniques. Des jumelages formidables d’enfants et de familles se sont concrétisés au cours de la dernière année.
Quel aspect de l’adoption publique suscite le plus d’enthousiasme chez vous pour 2017?
Le travail en cours entre les praticiens de l’adoption publique, privée et internationale m’enthousiasme le plus. Alors que le nombre d’adoptions privées et internationales a diminué, ces praticiens ont commencé à travailler plus étroitement avec les SAE. Cela est emballant parce qu’ils ont accès à des parents potentiels qui ne viendraient pas directement à nous. Cette collaboration accroît notre capacité de jumeler des enfants et des familles.