J’ai été prise en charge par la Kawartha-Haliburton Children’s Aid Society (KHCAS) la veille de mon 15e anniversaire. J’avais passé la plus grande partie de mon enfance à vivre dans un environnement instable. Comme ma mère est alcoolique, mon éducation a été assez difficile. Cela signifiait d’avoir affaire à un parent difficile la plupart du temps et de ne jamais savoir quelle serait l’atmosphère à la maison. J’ai changé souvent de maison aussi. Parfois, nous vivions à l’hôtel, dans une voiture, dans une roulotte, etc. Après de nombreuses altercations physiques et verbales avec ma mère, qui ne faisaient que s’intensifier à mesure que je vieillissais, je me suis mise à rechercher de l’aide. À l’âge de 13 ans, j’ai appelé la KHCAS pour parler à quelqu’un au sujet de ce qui se passait à la maison. Grâce à leur soutien, j’ai trouvé le courage de partir de la maison, et le jour de mon 15e anniversaire, j’ai joint ma première famille d’accueil.
J’ai déménagé quelques fois [au début de ma prise en charge], ce qui faisait en sorte qu’il m’était difficile de me sentir acceptée et aimée, et encore une fois, il n’était pas facile d’avoir de la stabilité. J’ai aussi eu de la difficulté à l’école, parce que lorsque j’ai été prise en charge, je commençais l’école secondaire. Donc, au moment où je choisissais les cours que je voulais suivre, ou encore la robe à porter au bal des finissants, je devais aussi me présenter à la cour, avoir des visites familiales et prendre la décision de devenir pupille de la Couronne. Je me suis donc rendu compte que je devais grandir assez rapidement, et je ne comprenais pas vraiment l’impact que tout cela avait sur moi.
Lorsque je pense aux personnes qui illustrent le mieux l’expression « Être là », qui est le titre de cet article, je pense à mes parents (d’accueil). Ils m’ont tous deux acceptée chaudement et m’ont montré ce qu’était l’amour inconditionnel; ils m’ont promis qu’ils allaient être ma famille, même après que j’aie quitté le système en raison de mon âge. Je leur suis très reconnaissante de leur amour et leur soutien, et de la façon dont ils m’ont entièrement ouvert leur maison et leur cœur. Ma vie aurait pu être bien différente s’ils n’avaient pas été là. Mais lorsque je pense à « Être là », je pense plus précisément à mon père. J’ai mis « d’accueil » entre parenthèses (dans la phrase ci-dessus) parce qu’il est vraiment devenu mon père à tous les points de vue. Il a été là pour moi depuis la première journée où j’ai emménagé chez lui. Il s’est assuré que je sois au courant que si je tombais, il m’aiderait à me relever. Mon père est devenu une personne sur qui je peux compter et à qui je peux me confier. Quelqu’un qui m’a aidée à devenir la personne que je suis aujourd’hui, parce qu’il m’a appris à croire en moi et à regagner mon estime de moi.
Je m’ennuie beaucoup parfois des jeunes pris en charge, dont un grand nombre se sentent isolés et seuls, en pensant que personne ne les comprend. Si je pouvais donner un conseil aux sociétés d’aide à l’enfance, ce serait de rappeler aux jeunes que des soutiens existent pour eux. Simplement en parler dans une réunion ou le mentionner dans de la documentation ne suffit pas. Les rappels sont essentiels. Tout comme ils le sont lorsqu’ils doivent savoir qu’ils sont aimés, qu’on pense à eux et qu’on s’en soucie. Engagez-vous avec ces jeunes. Mettez-les en communication avec d’anciens jeunes pris en charge qui sont sortis du système et peuvent partager leurs expériences. Ces enfants ont besoin d’espoir, et c’est à nous de leur montrer qu’il existe.
Je travaille actuellement au bureau de Michael Harris, député provincial de Kitchener‑Conestoga. J’ai obtenu cet emploi après avoir travaillé pour un député au gouvernement fédéral. Mon travail consiste à aider le député à accomplir du travail dans sa circonscription. Mon rôle me permet d’offrir de l’aide et de donner une voix à ceux qui en ont besoin d’une.
J’ai simplement toujours eu la passion d’aider les autres. J’ai choisi de faire du bénévolat pour les Family and Children’s Services de la région de Waterloo, parce c’était une façon pour moi de mettre à profit mes propres expériences pour aider ceux qui sont actuellement pris en charge. Je suis en mesure d’utiliser ma voix au nom de jeunes qui n’en ont pas. C’est important pour moi de donner au suivant, en d’autres mots, d’« Être là » pour quelqu’un d’autre qui peut avoir besoin d’un coup de pouce dans la vie.
Meaghan a récemment instauré une bourse à l’intention des pupilles de la Couronne qui entreprendront des études postsecondaires. Le programme de bourse « One to Another » en est à sa deuxième année, et grâce aux sympathisants généreux, il octroiera sa deuxième bourse en juin. Pour en connaître davantage sur Meaghan, sur son travail en tant que défenseure, ou sur le programme de bourse « One to Another », envoyer un courriel à : one2another.scholarship@gmail.com.