Rocco Gizzarelli, directeur général de la Société catholique d’aide à l’enfance de Hamilton, décrit comment une approche multi-agences est cruciale pour résoudre l’itinérance des jeunes
Dans une année moyenne, 50 000 jeunes du Canada se retrouvent sans logement stable. Au cours de l’année dernière, Hamilton comptait au moins 750 jeunes de la rue ou en situation d’itinérance. Ces jeunes sont à haut risque d’itinérance, de chômage, de violence et d’agression sexuelle répétés. Ils ont besoin de soutien, de compassion et de logement stable.
À Hamilton, plusieurs agences collaborent afin de réduire l’itinérance des jeunes et d’appuyer les jeunes sans logement stable. Un exemple d’une telle collaboration est le Youth Housing Support Project (YHSP), un projet de la Street Youth Planning Collaborative, dirigé par la Société catholique d’aide à l’enfance de Hamilton, en partenariat avec le Social Planning and Research Council of Hamilton, Good Shepherd Youth Services, Living Rock Ministries et Wesley Urban Ministries — Wesley Youth Services. Ce projet est réalisé grâce au financement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance du gouvernement du Canada, un programme offert par Emploi et Développement social Canada, et administré localement par la Ville de Hamilton.
La Société catholique d’aide à l’enfance de Hamilton joue un rôle de premier plan dans le YHSP, parce que nous connaissons bien ces jeunes. Un rapport récemment publié par l’Observatoire canadien sur l’itinérance intitulé Child Welfare and Youth Homelessness in Canada: A Proposal for Action, révèle que 58 % des jeunes itinérants ont des antécédents avec l’aide à l’enfance. Ce taux est de 52 % à Hamilton. Malheureusement, ces chiffres ne sont pas surprenants, étant donné que nous servons un grand nombre d’enfants ayant subi des traumatismes, des mauvais traitements et de la négligence au cours de leur enfance ou de leur adolescence — des facteurs clés qui contribuent à l’itinérance.
Le YHSP offre une gamme des soutiens au logement aux jeunes de 16 à 25 ans. Depuis le début du projet en avril 2015, plus de 630 jeunes ont obtenu et maintenu du logement sécuritaire et stable. Mais on doit faire plus.
Nous appuyons les recommandations du rapport Child Welfare and Youth Homelessness in Canada aux gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi qu’aux services de protection de l’enfance comme le nôtre. L’une des constatations principales est le rôle que la transition vers la fin de la prise en charge joue dans la situation d’itinérance subséquente des jeunes. Ces derniers ont besoin de soutiens accrus durant et après cette transition. En Ontario, le gouvernement a récemment imposé le passage de l’âge de protection de 16 à 18 ans, ce qui nous permettra de protéger plus de jeunes de la rue. Et nous continuons d’offrir du soutien aux pupilles de la Couronne jusqu’à l’âge de 21 ans par l’entremise du programme de Soins et de soutien continus pour les jeunes.
Nous agissons déjà à l’égard de la plupart des recommandations du rapport, et étudions sérieusement les actions à mettre en œuvre relativement aux autres recommandations. Nous sommes activement engagés dans l’élaboration d’une pratique antioppressive solide afin de nous assurer d’offrir les meilleurs soins aux enfants et aux jeunes autochtones, racialisés et LGBTQ2S+. Ces populations sont surreprésentées dans le système du bien-être de l’enfance et vivent dans l’itinérance à un plus haut taux que la population moyenne.
Certaines des contributions les plus impressionnantes au bien-être de l’enfance sont réalisées par des personnes, des couples et des membres de familles qui accueillent des enfants dans leur foyer en tant que parents d’accueil ou parents adoptifs. Ils font une différence réelle dans la vie des enfants au quotidien, et nous encourageons plus de personnes à se manifester et aider les enfants dans le besoin.
La résolution du problème d’itinérance des jeunes exigera plus d’interventions de la part du gouvernement, des communautés et de tous les services sociaux ayant une incidence sur les enfants et les jeunes. Nous devons adopter une approche plus intégrée pour assurer le bien-être des jeunes. Tout comme il n’y a pas de cause unique à l’itinérance des jeunes, aucun organisme ni aucune agence unique ne peuvent la résoudre seuls. Nous sommes reconnaissants à l’Observatoire canadien sur l’itinérance de mettre en lumière cet enjeu important et de tracer la voie vers de meilleurs résultats pour les jeunes du Canada.