Angela Arcuri, directrice des services à la Société de l’aide à l’enfance des comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry, et co-présidente du groupe des directeurs provinciaux de services, nous explique comment le bien-être de l’enfance prévoit aller de l’avant.
En quoi consistait un avertissement de naissance et pourquoi la pratique était-elle problématique?
Un avertissement de naissance était la pratique des agences du bien-être de l’enfance qui avertissaient les hôpitaux et les centres de naissance de préoccupations relatives à la sécurité avant la naissance d’un bébé. Ces préoccupations pouvaient découler d’antécédents avec les services du bien-être de l’enfance, de la consommation de drogues, de problèmes liés à la santé mentale ou d’autres difficultés qui auraient pu avoir un impact sur leur rôle parental. Cette pratique aurait pu avoir pour conséquence que le bébé soit immédiatement retiré à sa mère après sa naissance.
Avant l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous n’avions pas vraiment examiné la pratique d’un œil critique. Nous n’avions jamais réfléchi à son impact à long terme sur le nourrisson ou sa mère, ni au fait que les autres aspects de la sécurité du bébé, par exemple sa sécurité émotionnelle, spirituelle et intellectuelle, étaient compromis dans ces situations. Nous n’avions pas non plus tenu compte du fait que la pratique était inéquitable et qu’elle entraînait une surreprésentation des communautés autochtones, des communautés noires et d’autres communautés marginalisées dans le système du bien-être de l’enfance.
Est-ce que l’abolition des avertissements de naissance signifie que les hôpitaux n’appelleront pas une société d’aide à l’enfance s’ils ont des préoccupations? Quel rôle les fournisseurs de soins et les hôpitaux ont-ils maintenant en ce qui concerne l’aide aux patientes avant et après la naissance et à leurs nourrissons?
Le personnel des hôpitaux et de soins de santé doit absolument continuer d’appeler pour déclarer une situation s’il s’inquiète de la sécurité et du bien-être d’un nourrisson, d’un enfant ou d’un jeune. Il a toujours un « Devoir de faire rapport » de toute préoccupation à sa Société d’aide à l’enfance ou agence du bien-être de l’enfance et de la famille autochtone locale : cela n’a pas changé. Et si un professionnel de la santé a des préoccupations relatives à une future mère, il peut toujours demander son consentement pour communiquer avec une Société d’aide à l’enfance ou agence du bien-être de l’enfance et de la famille autochtone. Si la future mère ne donne pas son consentement, et que des préoccupations subsistent après la naissance pour la sécurité du nourrisson, le personnel de santé peut toujours appeler sa Société d’aide à l’enfance ou agence du bien-être de l’enfance et de la famille autochtone locale.
J’ai bon espoir qu’avec le temps, les travailleurs sociaux, les infirmières, les sages‑femmes, les obstétriciens et les autres partenaires clés qui travaillent avec les nourrissons joueront un rôle encore plus important dans la planification prénatale et postnatale afin qu’à la naissance du bébé, ils travaillent ensemble pour mettre en place les mécanismes de sécurité permettant de maintenir la mère et l’enfant ensemble.
Y a-t-il une préoccupation que des bébés à risque nous échappent sans la présence de la pratique d’avertissements de naissance?
Nous savons, grâce à nos partenaires d’autres provinces qui ont déjà subi ce processus d’abolition des avertissements de naissance, qu’aucune preuve n’existe que cela ait causé un préjudice ou un risque important ou additionnel aux nourrissons. Nous sommes attentifs aux inquiétudes des gens, et nous espérons que cela aide d’entendre que dans d’autres provinces, les inquiétudes des gens ne se sont pas réellement concrétisées.
Nous devons aussi prendre conscience que la poursuite de cette pratique est tout aussi inquiétante en raison de l’intrusion excessive et des dommages irréparables que les avertissements de naissance causaient, particulièrement aux familles autochtones.
Comment les sociétés d’aide à l’enfance et les agences du bien‑être de l’enfance et de la famille autochtone vont-elles dorénavant appuyer les femmes enceintes? Quels sont les principes et les considérations qui guideront ce travail?
Lorsque nous avons parlé, en tant que système du bien-être de l’enfance, de ce qui devrait guider notre travail, nous avons passé beaucoup de temps à nous rappeler que la famille et l’enfant sont au centre de tout cela. Ils sont des experts en ce qui les concerne, ils doivent donc diriger leur plan.
Nous avons beaucoup parlé de l’adoption d’une approche véritablement collaborative et interactive. Cela signifie que nous ne sommes qu’un des nombreux partenaires à la table, qui discutent et examinent tous les différents aspects de la sécurité et du bien‑être d’un bébé et de sa famille. Cela nous éloigne de la décision la plus réactive et la plus perturbatrice, et nous permet de planifier et de réfléchir avec les personnes qui sont les plus touchées par les décisions. Pour ce qui est des principes et de l’orientation, cela a constitué une part importante de notre conversation.
L’autre considération que nous devons mettre au premier plan est celle des valeurs traditionnelles et culturelles des familles. Il s’agit de vraiment comprendre qui vous servez. Font-elles face à des obstacles socio-économiques, comme la pauvreté, la race ou la classe sociale? Nous devons comprendre ces obstacles et la façon dont ils ont un impact sur cette famille. Parce que cette histoire, cette stratification des traumatismes, est si importante pour offrir le bon soutien.
Quel est le lien entre l’abolition des avertissements de naissance et les engagements du secteur du bien-être de l’enfance en matière d’équité et de réduction de la surreprésentation des communautés autochtones, des communautés noires et d’autres communautés marginalisées dans le système?
Nous savons que les avertissements de naissance ont causé des dommages, en particulier pour les familles autochtones. Et nous savons que d’autres communautés marginalisées ont également été touchées de manière disproportionnée par cette pratique. Ainsi, mettre fin à cette pratique et trouver de nouvelles façons de travailler avec les familles est réellement conforme aux engagements du système du bien-être de l’enfance en matière d’équité et de réduction de la surreprésentation. Nous sommes prêts à apporter ces changements.