Si un appel de l’Aide à l’enfance est effrayant pour une famille dans des circonstances normales, dans un environnement pandémique, le stress et l’anxiété sont hors normes.
Personne ne le sait mieux qu’Yvette Uwitonze. Depuis plus de quatre ans, Yvette est une intervenante en protection de l’enfance qui fait de l’accueil pour l’unité francophone de La Société d’aide à l’enfance d’Ottawa. Les intervenants d’accueil jouent un rôle crucial dans la protection de l’enfance, en établissant ce premier contact délicat avec une famille.
« Vous devez prendre le temps d’écouter », déclare Yvette.
L’empathie d’Yvette est issue de sa propre expérience de vie, lorsqu’elle a grandi au Burundi. La guerre civile dans ce minuscule pays d’Afrique de l’Est a entraîné des confinements et des files d’attente pour la nourriture.
« Ici, les gens faisaient la file pour du papier toilette. Là-bas, c’était pour le pain et le lait. J’ai vu ce que les confinements signifient pour les gens et comment les traumatismes peuvent affecter les familles », dit-elle.
Yvette a toujours mis l’accent sur l’établissement de la confiance et des liens avec les familles, ce qui est encore plus important durant la pandémie. Elle y parvient en prenant la mesure relativement simple mais puissante qui consiste à reconnaître le traumatisme inhérent à la pandémie et à vérifier d’abord comment vont les parents, avant de plonger dans le but de l’appel et le rôle de l’aide à l’enfance.
L’appel de vérification donne un aperçu précieux de la situation de la famille, qu’il s’agisse de l’anxiété liée à une perte d’emploi ou d’un manque de nourriture. Mais il permet aussi d’établir un lien avec le parent en démontrant le souci de son bien-être.
Durant la pandémie, Yvette a répondu à un plus grand nombre d’appels liés à la violence familiale, à la discipline physique et aux défis liés à la capacité parentale, comme la consommation ou l’abus d’alcool. Elle se souvient des difficultés d’évaluer les familles et de parler aux enfants et aux jeunes virtuellement au début de la pandémie. Elle a été soulagée lorsque la Santé publique a assoupli les restrictions, ce qui a permis de recommencer à multiplier les visites en personne.
Mère de deux filles, Yvette a jonglé avec les responsabilités scolaires et familiales en ligne, tout en travaillant de la maison et en effectuant des visites. Elle travaille aussi à temps partiel à une maîtrise en études des conflits.
Alors que la pandémie se poursuit, un des principaux défis consiste à se connecter avec ses pairs et à prendre du temps pour soi. Pour s’en tirer, Yvette a pris l’habitude de prendre des jours de vacances occasionnels pour se ressourcer.
« J’essaie de commencer ma journée sur une note positive, comme en faisant une marche. Il est facile de s’isoler, alors je fais appel à mon superviseur ou à mes collègues qui me soutiennent, surtout si j’ai eu un appel difficile », ajoute Yvette.
Avec son sourire éclatant et ses manières chaleureuses, il n’est pas étonnant qu’Yvette trouve souvent des clients de plus en plus attachés. Elle se souvient en riant de la jeune maman qui lui a proposé de continuer à envoyer des photos de son bébé, ou du père de six enfants qui l’a invitée à dîner après une longue discussion sur une dispute familiale. Yvette est une professionnelle vraiment dévouée qui incarne le meilleur du secteur de la protection de l’enfance.