17 juin 2022
Toronto, ON — Les familles afro-canadiennes de l’Ontario sont plus de deux fois plus susceptibles que les familles blanches d’être signalées et enquêtées par les agences de bien-être de l’enfance, selon un nouveau rapport perturbant publié par le programme Une vision une voix (UVUV) en collaboration avec la Faculté du travail social Factor-Inwentash (FIFSW) de l’Université de Toronto.
Après avoir fait l’objet d’une enquête, les familles afro-canadiennes sont également plus susceptibles d’être aptes à recevoir des services et des soutiens continus à plus long terme, plutôt que de voir leur dossier être fermé. Pendant ce temps, les enfants noires sont deux fois et demie plus susceptibles d’être placées à l’extérieur du domicile familial au cours d’une enquête.
Le rapport intitulé Comprendre la surreprésentation des enfants afro-canadiennes dans les services de bien-être de l’enfance de l’Ontario (anglais seulement), identifie clairement la race comme la source de ces disparités. Ses conclusions sont fondées sur les données de l’Étude ontarienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants de 2018 (EOI-2018).
« Notre recherche démontre de manière quantifiable ce que les communautés afro-canadiennes nous disent depuis des années : cette race est un facteur important dans les signalements et les enquêtes de bien-être de l’enfance dans notre province », a déclaré la co-auteure Nicole Bonnie, directrice générale de l’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance (AOSAE). « La bonne nouvelle est que le secteur du bien-être de l’enfance est engagé dans un travail contre le racisme envers les Afro-canadiennes par le biais d’UVUV et d’autres initiatives locales d’équité. J’espère que les résultats s’amélioreront à mesure que nous encourageons le secteur à utiliser les outils d’UVUV pour lutter contre le racisme systémique anti-Noir, établir des partenariats communautaires et s’engager dans un changement organisationnel significatif. Mais, comme l’illustre notre rapport, ce problème ne peut être résolu uniquement que par le secteur du bien-être de l’enfance. »
Nicole Bonnie a co-écrit le rapport avec Keishia Facey, gestionnaire du programme UVUV, une initiative de l’AOSAE dirigée par la communauté afro-canadienne qui se consacre à lutter contre la surreprésentation des Afro-Canadiennes dans le système de bien-être de l’enfance. Bonnie et Facey ont travaillé avec une équipe de chercheuses de la Faculté du travail social Factor-Inwentash (FIFSW) de l’Université de Toronto dirigée par la Dre Barbara Fallon, professeure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le bien-être de l’enfance, et vice-présidente associée à la recherche à l’Université de Toronto, pour examiner les données de l’EOI-2018 à travers une lentille de racisme anti-Noir. L’objectif des chercheuses était de mieux comprendre et de démontrer pourquoi les enfants, les jeunes et les familles afro-canadiennes sont surreprésentées dans les services de bien-être de l’enfance en Ontario.
Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :
- Comparativement aux enfants blanches, les enfants et familles afro-canadiennes sont
- 2,2 fois plus susceptibles de faire l’objet d’une enquête
- 2,5 fois plus susceptibles de voir leur cas fondé
- 1,7 fois plus susceptibles que leur cas soit référé pour recevoir des services et des soutiens continus/à plus long terme
- 2,5 fois plus susceptibles d’être placées à l’extérieur du domicile familial au cours de l’enquête
- Les écoles et la police étaient plus susceptibles de référer les enfants afro-canadiennes que les enfants blanches dans les enquêtes liées à la maltraitance des enfants (43 % contre 28 % et 27 % contre 23 %, respectivement)
Contrairement à ce que suppose souvent le grand public, les données ont également révélé que les intervenantes du bien-être de l’enfance qui enquêtaient sur les familles étaient moins susceptibles de noter au moins un problème de fonctionnement de l’enfant chez les enfants afro-canadiennes par rapport aux enfants blanches. Les préoccupations notées peuvent inclure une déficience intellectuelle, un problème de santé mentale ou physique ou d’autres problèmes liés au bien-être. Elles étaient également moins susceptibles de noter au moins un facteur de risque pour la principale personne responsable dans les enquêtes impliquant des familles afro-canadiennes par rapport aux familles blanches. Les facteurs de risque pour les personnes responsables pourraient inclure le manque de soutien social, des troubles cognitifs ou des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale.
« Cette découverte repousse l’hypothèse selon laquelle les disparités de revenu, d’éducation et de santé conduisent à une implication disproportionnée de familles afro-canadiennes dans le système de bien-être de l’enfance. En réalité, nos recherches ont révélé que lorsque les données sont contrôlées pour d’autres facteurs, la race apparaît comme le moteur de ces différences », déclare Facey. « Ces données sont essentielles pour mesurer les progrès, identifier les problèmes clés qui nécessitent des changements et pour nous pousser, ainsi que nos membres et nos partenaires dans tous les secteurs et le gouvernement, à faire les choses différemment. »
Les chercheuses de l’étude ont été en mesure d’identifier des points spécifiques à la fois dans le continuum de services et dans les communautés où le racisme anti-Noir pousse les familles afro-canadiennes vers l’implication du bien-être de l’enfance. UVUV prévoit d’utiliser les conclusions de ce rapport pour éclairer les futures priorités et initiatives, y compris un prochain Projet de cartographie des disparités, qui sera réalisé en partenariat avec le Youth Wellness Lab de la FIFSW.
« Nous sommes ravis d’avoir l’opportunité de nous associer à Une vision une voix pour démêler les données importantes contenues dans l’Étude ontarienne des incidences de 2018 », a déclaré Fallon. « Nos résultats soulignent l’importance de travailler ensemble pour continuer à identifier le racisme anti-Noir et à atténuer son impact dévastateur. »
L’équipe UVUV tient à remercier tout particulièrement toute l’équipe de recherche pour son expertise dans la publication de ce rapport, y compris Bryn King, Barbara Fallon, Nicolette Joh-Carnella, Travonne Edwards, Miya Kagan-Cassidy, Tara Black, Kineesha William, Vania Patrick-Drakes et Chizara Anucha.
*L’EOI-2018 a été financée par le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires. Les analyses présentées dans ce rapport ont été financées par la Chaire de recherche du Canada en aide sociale à l’enfance du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) de la professeure Barbara Fallon (#950-231186).
Cliquez ici pour voir le rapport complet (en anglais)
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