En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous nous engageons à partager la vérité sur notre passé collectif et les préjudices causés par le système de bien-être de l’enfance. Sans honnêteté et autoréflexion critique, nous ne pouvons pas avancer sur notre chemin menant à la réconciliation.
« Aujourd’hui, la surreprésentation des enfants et des jeunes autochtones dans le système de bien-être de l’enfance est le résultat direct de l’histoire coloniale de notre pays », a déclaré Nicole Bonnie, directrice générale de l’AOSAE. « Le colonialisme persistant, le racisme anti-autochtone systémique et les traumatismes intergénérationnels sont à l’origine des défis auxquels sont confrontées les communautés et les familles des Premières Nations, Inuits et Métis. Bien comprendre cela est important pour toutes les Canadiennes, mais surtout pour celles qui travaillent directement avec les familles autochtones.
Il est communément reconnu que l’histoire du bien-être de l’enfance au Canada a commencé avec J.J. Kelso—souvent désigné comme étant le père fondateur du travail de protection de l’enfance—dans les années 1880 dans la ville de Toronto. Le bien-être de l’enfance est apparu à une époque où la colonie des colonnes blanches canadiennes cherchait à s’établir politiquement, économiquement et culturellement. Partout dans l’Empire britannique, y compris la colonie canadienne, c’était devenu le truisme de l’époque que les enfants étaient l’avenir de la nation. Cependant, seules certaines enfants, à savoir celles étant des colonnes blanches à faible revenu, ont été jugées dignes d’être sauvées de la cruauté et de la négligence. La principale préoccupation des initiatives de sauvetage d’enfants était de préserver la domination de la race blanche et de veiller à ce que les colonnes blanches de la classe inférieure ne se retrouvent pas au niveau des « sauvages » (Source : Landertinger, 2017 ; Swain 2009). Le système de bien-être de l’enfance et le système des pensionnats indiens sont apparus comme deux solutions séparées et distinctes pour ces populations d’enfants respectives.
Les cinq premiers Appels à l’action du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation visent le bien-être de l’enfance. Ils s’engagent à :
- Réduire le nombre d’enfants autochtones pris en charge.
- Publier des rapports annuels sur le nombre et les données des enfants qui sont prises en charge.
- Mettre en œuvre le Principe de Jordan.
- Adopter une législation sur le bien-être de l’enfance qui tient compte des droits des familles et des communautés autochtones de s’occuper de leurs propres enfants.
- Élaborer des programmes d’éducation destinés aux parents et adaptés à la culture des familles autochtones.
Lire le rapport complet de la CVR en cliquant ici.
Dès les premières étapes du développement du bien-être de l’enfance, Kelso et d’autres ont convenu que pour les enfants des colonnes blanches « les efforts pour sauver les enfants ne devraient jamais être dirigés vers la vie institutionnelle, mais plutôt vers une normalité qui maintient les enfants dans la relation familiale ». Il était bien clair que l’institutionnalisation était une pratique néfaste (Source : Landertinger, 2017). Et pourtant, simultanément, les enfants autochtones étaient institutionnalisées de façon massive. Au même moment, la cruauté et la négligence envers les enfants étant des colonnes blanches sont devenues des crimes punissables. Les enfants autochtones ont été soumises à une violence et cruauté insondables de la part de la société coloniale.
Lorsque la fréquentation des pensionnats n’était plus obligatoire et que les services de bien-être de l’enfance ont été transférés aux provinces dans les années 1950 et 1960, le taux d’arrestations d’enfants autochtones au Canada a augmenté de façon exponentielle. Les enfants autochtones pouvaient désormais accéder aux services de protection de l’enfance, ce qui n’était auparavant réservé qu’aux enfants blanches. Cette « prise en charge plus équitable » a donné lieu à des politiques et pratiques de la rafle des années 60. Ceci a entraîné le retrait de milliers d’enfants des Premières Nations, Inuits et Métis de leur foyer, de leur famille et de leur communauté. C’est pourquoi le bien-être de l’enfance est souvent considéré comme le successeur du système des pensionnats.
Apprenez-en davantage sur l’histoire du bien-être de l’enfance et des pensionnats dans la Foire aux questions.
Les anciennes élèves des pensionnats indiens peuvent appeler le 1-866-925-4419 pour des services d’aiguillage en cas de crise émotionnelle et pour des informations sur d’autres soutiens en santé du Gouvernement du Canada.
Les peuples autochtones de partout au Canada peuvent également s’adresser à la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour obtenir des conseils et pour une intervention en cas de crise.
Vous pouvez appeler la ligne d’assistance sans frais 1-855-242-3310 ou connectez-vous à Clavardez en ligne.
Ressources :
Landertinger, L. (2017). Child Welfare and the Imperial Management of Childhood in Settler Colonial Canada, 1880s-2000s. University of Toronto (Canada).
Swain, Shurlee. 2009. “Sweet Childhood Lost: Idealized Images of Childhood in the British Child Rescue Literature.” Journal of the History of Childhood and Youth. 2(2).