Julia L. Jamieson, de la Haudenosaunee Cayuga Nation des Six Nations de Grand River, s’est récemment jointe à l’AOSAE en tant que directrice des services holistiques des Premières Nations, des Métis et des Inuits (PNMI), où elle se concentre sur le soutien de la vérité et de la réconciliation dans le secteur de la protection de l’enfance de l’Ontario. Dans ce nouveau poste, elle travaille à développer des ressources et des opportunités de formation, à fournir des conseils et un soutien aux agences de protection de l’enfance, aux agences de bien-être de l’enfance et à leur personnel, et à établir des relations entre les communautés des Premières Nations, métisses et inuites afin de meilleurs résultats pour les enfants , les jeunes et les familles.
Ici, Julia nous en dit un peu plus sur elle-même, son rôle et son message pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
Quelles expériences vous ont amené à ce poste à ce moment-là?
Je dirais trois choses. La première est la terre. Comme ma première enseignante, je suis en résonance avec l’interconnectivité et la responsabilité qui en découle. La terre fonde ma connaissance et celle de notre guérison grâce au pouvoir colonial, afin que moi ou nous puissions aider les autres tout au long de leur parcours de guérison. Une grande partie de ma carrière s’est concentrée sur l’éducation en tant qu’outil de réforme de la protection de l’enfance et sur la nécessité de dissocier la pratique de prévention de la façon dont nous comprenons et évaluons les risques, en particulier pour les communautés autochtones.
La deuxième, ce sont les ancêtres. Les histoires tissées à travers les générations sont ancrées non seulement dans le parcours de mon âme, mais aussi dans la sagesse ancestrale de l’Île de la Tortue. Les histoires sont porteuses d’héritage. Aucune de nous ne possède cette œuvre. Nous laissons simplement dans notre sillage des pratiques équitables qui interrompent, déstabilisent et remettent en question les récits qui dénaturent le système familial autochtone depuis plus de 150 ans, sous couvert de protection de l’enfance. Les protocoles culturels traditionnels, où sont pratiquées les cérémonies de naissance et de baptême, ainsi que les droits de l’enfant autochtone doivent être respectés lorsqu’on prend soin de nos dons les plus sacrés, nos enfants.
Et enfin, la troisième chose qui m’a amené là où j’en suis aujourd’hui, c’est la conviction. Un devoir collectif de protéger de tels protocoles.
Quelles sont vos principales priorités dans votre nouveau rôle? Qu’est-ce qui vous passionne le plus?
… « Celles sur le dos desquelles la recherche a été menée historiquement sont celles qui en savent le plus sur les oppressions sociales, la marginalisation et la colonisation » (Tuck et al., 2008).
Il est impératif de mettre en valeur le travail des chercheures autochtones et de leurs alliées universitaires pour repenser la protection de l’enfance. Je pense souvent à la citation de Murray Sinclair selon laquelle l’éducation est ce qui nous a mis dans ce pétrin, et l’éducation est ce qui va nous en sortir.
De plus, en partenariat avec l’ANCFSAO, j’ai hâte de mobiliser les communautés des Premières Nations, métisses et inuites pour examiner les normes et outils de protection actuels de l’Ontario. Nous devons analyser de manière critique ces outils provinciaux pour nous assurer qu’ils sont culturellement pertinents et sensibles.
Je cherche à soutenir une formation à l’échelle de la province sur les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession des Premières Nations en matière de PCAP® sur la collecte de données. Il existe une obligation primordiale qui exige un leadership cohérent, y compris les systèmes de gestion des données autochtones, qui exercent une telle souveraineté des données.
Je suis très enthousiaste à l’idée de discuter d’une refonte de la protection de l’enfance qui disséque, recentre, pose des problèmes et définit des périmètres pour ce qui est connu et ce que nous, en tant que collectif fort, devons apprendre en partenariat.
Que signifient pour vous la vérité et la réconciliation?
Cela signifie que nous savons ce qui doit être fait. Il y a des jalons clairement éclairés pour nous. Cela signifie que nous — vous et moi — sommes dans le moment d’agir. Cela signifie que nous pouvons créer une histoire ensemble.
Cela laisse un espace à la vérité. C’est douloureux. Cela signifie que les épistémologies autochtones prévalent et n’ont jamais réussi à prévaloir.
C’est la vérité avant la réconciliation.
Quel message souhaitez-vous partager à l’approche de la Journée nationale pour la vérité et la réconciliation, le 30 septembre?
J’ai récemment eu la chance de discuter avec Jennifer Podemski, qui a partagé l’histoire de sa série télévisée Little Bird et les impacts de la Rafle des années 60. Des histoires comme celle-ci doivent être entendues.
Je vous encourage également à écouter les paroles du Dr Dwayne Donald, alors qu’il parle de l’importance de la terre en tant que parente, de la relation de parenté et de la marche comme pratique de guérison. Allons marcher ensemble le 30 septembre en hommage solennel aux survivantes des pensionnats, à leurs familles et aux petites qui ne sont jamais rentrées chez elles.
Soyez bien. Prenez soin les unes des autres…
Pour en savoir plus sur le travail qu’accomplit l’AOSAE pour soutenir la réconciliation au sein de la protection de l’enfance de l’Ontario, contactez Julia Jamieson, directrice des pratiques holistiques des PNMI à jjamieson@oacas.org.
Ce document est écrit au féminin avec l’intention d’inclure tous les sexes : transgenres, genres diverses, hommes, et femmes.