Les recherches montrent que les enfants et les jeunes pris en charge par le système du bien-être de l’enfance s’en sortent mieux lorsqu’ils restent en contact avec leur famille et leur communauté, et lorsqu’ils sont placés dans des foyers qui reflètent leurs identités intersectionnelles. Les enfants et les jeunes ont droit à une identité et à une appartenance au sein de leur famille et de leur communauté, ainsi qu’à une prestation de services adaptée à leur culture. Le placement chez un proche est particulièrement important pour remédier à la surreprésentation et aux disparités dans les résultats pour les enfants, les jeunes et les familles autochtones, noirs et 2SLGBTQ+.
Soins conformes aux traditions, placement chez un proche et communautés autochtones
« Les soins conformes aux traditions sont un droit naturel et une pratique qui précèdent l’évolution du bien-être de l’enfance sur l’île de la Tortue et qui l’emportent sur les juridictions. Les visions du monde autochtones placent les enfants et les jeunes au cœur des systèmes de soins. Notre travail collectif consiste à donner la priorité aux familles, aux communautés et aux Nationset à établir des relations constructives avec elles, en les honorant en tant qu’experts en matière de placement chez un proche et de la garde alternative ». – Julia Jamieson, Directrice de la pratique holistique pour le compte des Premières Nations, inuits et métis (PNIM), AOSAE.
Les services du bien-être à l’enfance sont invités, dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, à réduire le nombre d’enfants autochtones pris en charge, à maintenir les familles ensemble lorsque cela est possible en toute sécurité et à placer les enfants dans des environnements adaptés à leur culture. De même, les Appels à la justice obligent les agences du bien-être de l’enfance à faire respecter et à protéger les droits des enfants autochtones, ainsi que leur santé et leur bien-être, notamment en les plaçant auprès de membres de leur famille ou de leur communauté.
La Loi fédérale établit des normes, des principes et des obligations pour les agences du bien-être de l’enfance afin de garantir un placement culturellement approprié des enfants et des jeunes autochtones, par ordre de priorité : 1) avec un parent, 2) avec un membre de la famille, 3) avec un adulte appartenant au même groupe autochtone, 4) avec un adulte appartenant à un groupe autochtone différent, 5) avec n’importe quel autre adulte.
De nombreux enfants autochtones de l’Ontario sont pris en charge au sein de leur communauté à travers le placement chez un proche et la garde alternative. Au cours de la période 2020-2021, près de 1 700 enfants et jeunes autochtones de l’Ontario étaient pris en charge et bénéficiaient des soins conformes aux traditions supervisés par des agences de bien-être de l’enfance. La plupart des arrangements relatifs à ces soins ont été conclus par des agences autochtones pour le bien-être de l’enfance et de la famille. D’après certaines recherches sur les placements extrafamiliaux, les résultats suivants sont observés :
Veuillez suivre l’exposé de Tanisha, responsable de soins fournis par un proche de la Première nation de Kettle & Stony Point, sur l’impact de la prestation de soins à un membre de sa communauté.
Ou écouter Veronica et Beedahsiga qui vous parlent du rôle des prestataire de la garde alternative.
- Pour les enfants et les jeunes des Premières Nations:
- 16 % des enquêtes ont abouti à un placement hors du cadre familial
- 10 % ont été placés auprès d’un membre de la parenté
- 5 % ont été placés en famille d’accueil
- 1 % a été placé dans un foyer de groupe ou un centre de soins. (Source : « Mashkiwenmi-daa Noojimowin: Let’s Have Strong Minds for the Healing » (Mashkiwenmi-daa Noojimowin : Un mental pour guérir), 2021
- Les placements informels (y compris les services de placement chez des proches) représentent le type de placement le plus fréquent, suivi par le placement en famille d’accueil sans lien de parenté et le placement chez un proche.(Source : « First Nations/Canadian Incidence Study of Reported Child Abuse and Neglect-2019 »(Dénoncer la surreprésentation persistante des enfants des Premières Nations dans les services de bien-être à l’enfance au Canada)
- 16 % des enquêtes ont abouti à un placement hors du cadre familial
- Des données comparables n’étaient pas disponibles pour les enfants et les jeunes inuits et métis, bien qu’une étude, « Newfoundland and Labrador » (Rapport sur les services de bien-être à l’enfance pour les enfants, les jeunes et les familles autochtones, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador), réalisée ait révélé que sur 690 placements chez un proche, seuls 14 % (ou 100 placements) concernaient des autochtones, dont la moitié étaient des Innus, un tiers des Inuits et dix des Mi’Kmaq.
Les options de placement chez un proche et de soins conformes aux traditions sont essentielles pour remédier à la surreprésentation et aux disparités dans les résultats des enfants et des jeunes autochtones, ainsi que pour garantir leur bien-être.
- Pour les enfants et les jeunes des Premières Nations:
Placement chez un proche et communautés afro-canadiennes
En 2016, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies s’est inquiété de la surreprésentation notoire des enfants et des jeunes Afro-Canadiens dans le système canadien du bien-être de l’enfance et a recommandé au Canada de « prendre des mesures efficaces visant à s’attaquer aux causes profondes de la surreprésentation des enfants afro-canadiens dans les institutions de prise en charge ».
Les Directives ontariennes relatives au placement chez un proche exigent une recherche constante de proches et une collaboration avec les familles élargies et les collectivités dans le cadre des décisions de placement. La priorité doit être donnée aux placements auprès des membres de la parenté, de la famille élargie ou de la communauté de l’enfant.
Cependant, à l’instar d’autres institutions canadiennes, les agences du bien-être de l’enfance ont évolué dans un contexte historique de suprématie blanche, de colonialisme et de racisme envers les Noirs, autant d’éléments qui ont été intégrés dans le tissu des politiques et des pratiques du bien-être de l’enfance. Pour bien comprendre l’implication des enfants, des jeunes et des familles noires dans le système ontarien du bien-être de l’enfance, il est nécessaire de comprendre l’histoire et l’actualité du racisme envers les Noirs, et comment il conduit à des préjugés lors des enquêtes, de la recherche dans le cadre de placement chez un proche, de l’évaluation et des décisions de placement.
Écoutez Keishia Facey, Responsable du programme Une vision, une voix, vous expliquer comment la culture et la communauté, par le biais des placements chez des proches, peuvent améliorer la résilience et les résultats pour les enfants et les jeunes afro-canadiens.
Les recherches sur les placements extra-familiaux des enfants et des jeunes afro-canadiens montrent que :
- Les enfants noirs représentent 7 % de la population infantile, mais près de 14 % de la population des services du bien-être à l’enfance.
- Par rapport aux enfants blancs, les enfants noirs sont 2,2 fois plus susceptibles de faire l’objet d’une enquête et 2,5 fois plus susceptibles d’être placés hors du cadre familial au cours d’une enquête.
- Sur la proportion d’enquêtes impliquant des enfants noirs, 2 % ont été placés auprès d’un membre de la parenté dans le cadre d’un arrangement informel et 1 % a été placé dans une famille d’accueil (ce qui inclut le placement chez un proche). Aucune enquête impliquant des enfants noirs n’a abouti à un placement dans un groupe ou un foyer de traitement.
Au sein des familles afro-canadiennes, la famille élargie et la communauté constituent un réseau de soutien souple et flexible qui protège les enfants.
« La communauté est un soutien social positif qui favorise des stratégies d’adaptation saines, soutient les liens culturels et crée un facteur de protection contre les effets néfastes du racisme envers les Noirs. » – Keishia Facey, Responsable du programme UVUV, OACAS.
Les agences de bien-être de l’enfance peuvent favoriser des résultats positifs pour les enfants et les jeunes afro-canadiens, pris en charge, en suivant les Pratiques d’équité raciale du programme Une vision une voix (UVUV). La Pratique 11 stipule que la prise en charge par des proches est préférable pour les enfants et les jeunes afro-canadiens et recommande le placement chez des proches lorsque c’est possible, ou dans des familles afro-canadiennes comme deuxième option, afin de maintenir les liens culturels. Des services culturellement appropriés doivent également être mis à la disposition des enfants et des jeunes afro-canadiens, le cas échéant.
Les agences du bien-être de l’enfance doivent veiller à ce que les prestataires de soins reçoivent le soutien dont ils ont besoin, ce qui peut inclure une formation et un accès au financement, un traitement spécialisé, des cours de parentalité et des conseils, afin de soutenir le développement d’une identité raciale forte et positive.
Placement chez un proche et communautés 2SLGBTQ+
Bien que l’on manque de données sur les enfants et les jeunes 2SLGBTQ+ en Ontario et sur leurs expériences dans le système du bien-être de l’enfance, des recherches indiquent que ces enfants et ces jeunes sont surreprésentés dans le système du bien-être de l’enfance.
Les agences du bien-être de l’enfance ont observé qu’un nombre croissant d’enfants et de jeunes 2SLGBTQ+, en particulier les enfants et les jeunes trans et non-binaires, interagissent avec le système du bien-être de l’enfance en raison d’un manque de soutien de la part de leurs principaux fournisseurs de soins et d’un rejet de leur identité par ces derniers. Face à la montée de la haine envers les personnes 2SLGBTQ+, il est essentiel d’examiner la manière dont la cis-hétéronormativité persiste dans les systèmes de prise en charge et influe sur la planification des services.
Les recherches menées à travers les juridictions ont montré que les enfants et les jeunes 2SLGBTQ+ sont plus susceptibles :
- d’être mal traités par les services de bien-être à l’enfance, d’être marginalisés;
- discriminés, mal acceptés et d’être confrontés à des problèmes de santé mentale;
- d’être confrontés à de multiples placements en famille d’accueil; et
- d’être victimes de harcèlement et de violence dans le cadre de placements collectifs.
Les enfants et les jeunes 2SLGBTQ+ sont moins susceptibles :
- d’atteindre la permanence, avec une probabilité accrue de sortir du foyer d’accueil.
« L’acceptation et le soutien de la famille sont le principal facteur de protection des jeunes 2SLGBTQ+ en ce qui concerne leur santé mentale, leur bien-être et leurs résultats positifs. Offrir un foyer qui affirme l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression d’un jeune peut lui sauver la vie! » – Kristin Roe, Responsable de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, AOSAE; Jacob Stokl, analyste 2SLGBTQ+, AOSAE.
Même si les prestataires de soins et les familles peuvent initialement avoir du mal à soutenir leurs enfants ou jeunes 2SLGBTQ+, les recherches montrent que les familles les acceptent généralement mieux avec le temps, ce qui ouvre des possibilités ultérieures de réunification et de placement chez un proche. En dépit de l’impossibilité d’un placement familial, les méthodes de recherche et d’engagement de la famille biologique, élargie et choisie peuvent s’avérer efficaces pour développer des réseaux d’adultes susceptibles de soutenir l’identité de l’enfant ou du jeune et sa transition vers l’âge adulte. Les réseaux de soutien et les placements positifs sont essentiels pour garantir la sécurité, la santé et le bien-être des enfants et des jeunes 2SLGBTQ+.