Yacine Dottridge, analyste de programmes principale – Relations de travail, à l’AOSAE, explique les origines du Projet de sécurité des intervenants
Qu’est-ce que le Projet de sécurité des intervenants?
Le Projet de sécurité des intervenants consiste à rendre les conditions de travail des professionnels du bien-être de l’enfance de l’Ontario plus sécuritaires. Lorsque je dis plus sécuritaires, je veux dire tout, des directives de conduite automobile à la santé mentale. Lorsque les intervenants se sentent en sécurité et appuyés, ils sont plus en mesure de concentrer leur attention où elle doit être concentrée : la protection des enfants, des jeunes et des familles.
Le projet est en élaboration depuis plusieurs années, le premier engagement du secteur ayant été d’examiner la sécurité des intervenants par suite de la table provinciale de discussion de 2011. Après une série de sondages et de groupes de discussion ayant recueilli des milliers de commentaires du personnel du secteur, un rapport a été publié en 2014, indiquant 46 recommandations pour améliorer la sécurité des intervenants, ainsi qu’examiner l’environnement de travail physique, les pratiques de travail, la technologie, la formation et le soutien psychologique. Depuis 2014, plusieurs groupes de l’AOSAE se sont affairés à mettre en œuvre les recommandations, comme l’inclusion de modules de sécurité des intervenants dans le Programme de formation des nouveaux intervenants de l’AOSAE. La deuxième phase du projet s’est récemment terminée, à la fin mars.
Quel a été un des défis auxquels vous avez fait face dans ce projet?
Il s’agissait du premier projet dirigé conjointement par la direction et le syndicat auquel j’ai participé dans ma carrière. Je n’avais aucune idée de ce à quoi ressemblerait la relation entre les membres du groupe, et je craignais que des intérêts divergents soient en jeu. Bien qu’il y ait eu des mésententes occasionnelles – auxquelles on doit s’attendre dans tout genre de projet de groupe –, il m’était évident que tout le monde poursuivait le même objectif : apporter des améliorations considérables et établir une norme commune pour la sécurité des intervenants dans le travail du bien-être de l’enfance partout dans la province.
Quels étaient certains des points saillants du projet?
Je crois que pour la plupart des gens, le travail relatif aux blessures liées au stress professionnel aura été l’un des points saillants du projet. Bien que la recommandation originelle mentionne spécifiquement le TSPT, les traumatismes secondaires et la résilience, certains gros changements ont été apportés en matière de santé mentale professionnelle au cours des quatre dernières années. Le groupe voulait s’assurer que le produit final serait aussi avant-gardiste que ce qui se fait partout au Canada.
Cela a été pour moi une occasion d’apprentissage incroyable de travailler avec des experts de la santé mentale et la sécurité professionnelles afin de mieux comprendre comment le travail, le lieu de travail et la santé mentale sont liés.
Quel a été un des points importants à retenir de ce projet?
En reconnaissant que le travail de la protection de l’enfance peut être stressant, et même traumatisant, cette section conduit les agences à aborder tous les aspects, de la culture du lieu de travail à l’intervention de crise. On exerce une pression sur tous les lieux de travail pour qu’ils s’assurent d’offrir à leurs travailleurs des espaces sécuritaires et solidaires qui visent à atténuer le stress, les difficultés et les traumatismes auxquels les intervenants font face dans leur travail, plutôt qu’à les aggraver ou y contribuer.
Dans la pratique d’un travail ayant un composant social aussi fort, il est particulièrement important que les intervenants se sentent en sécurité et appuyés relativement à leur santé mentale – cela n’est pas bénéfique seulement pour les intervenants, mais aussi pour les agences, ainsi que les enfants, les jeunes et les familles que notre secteur sert.
Quelles sont les prochaines étapes du Projet de sécurité des intervenants?
Les sociétés d’aide à l’enfance ont commencé à évaluer les lacunes locales et à planifier la mise en oeuvre. L’AOSAE surveillera les progrès; elle a plusieurs groupes en attente pour appuyer le secteur où les failles ou les difficultés systémiques sont cernées. Il est stimulant et valorisant de voir ce projet se concrétiser. Et nous n’aurions jamais pu parvenir à ce point sans le travail acharné et le dévouement de tous les professionnels du bien-être de l’enfance engagés.